« Auparavant, la prise en charge thérapeutique des patients atteints de cancers débutait par un diagnostic et par l’administration du traitement par voie intraveineuse. La question du patient acteur de son traitement ne se posait pas, souligne François Lemare, pharmacien clinicien à l’Institut Gustave Roussy et vice-président de la Société française de pharmacie oncologique (SFPO). La révolution s’est produite vers 2000-2001, avec l’arrivée sur le marché de nombreux traitements par voie orale. Le patient est alors devenu acteur de son traitement : il doit désormais être observant, gérer les effets indésirables et en avertir les professionnels de santé. » La prise en charge doit être pluridisciplinaire, avec notamment des médecins, des infirmières, le pharmacien hospitalier et le pharmacien d’officine. « Les patients attendent que la prescription soit transmise à l’officine en amont et que le traitement soit prêt lorsqu’ils viennent le chercher. Ils s’attendent aussi à ce que le pharmacien d’officine puisse leur apporter des solutions et qu’il soit un relais pour les effets indésirables. » Pour François Lemare, le pharmacien a un triple rôle : faciliter la détection des effets indésirables, augmenter l’observance et limiter les arrêts de traitement, et prévenir les interactions médicamenteuses.
Défaut d’observance
Concernant la question de l’observance, il souligne que « le défaut d’observance n’est pas le seul problème. En effet, ce n’est pas seulement le nombre de comprimés que prend le patient qui détermine l’observance, c’est aussi la façon de les prendre : seulement le matin, pas les week-ends, etc. Il arrive aussi que les patients prennent plus de médicaments que ce qui est prévu, ce qui provoque alors un problème de sur-observance », note-t-il.
Dans ce contexte, le pharmacien a accès au taux de possession du médicament, c’est-à-dire le nombre de jours fournis au patient divisé par le nombre de jours entre le premier et le dernier renouvellement plus le nombre de jours fournis avec le dernier renouvellement. « En fonction du moment où le patient vient renouveler son traitement, il peut donc savoir s’il l’a pris correctement. »
Malgré son rôle important, le pharmacien peut être confronté à un certain nombre de difficultés lorsqu’il reçoit des ordonnances pour des traitements anticancéreux en ville. Une étude de 272 ordonnances de traitements antitumoraux a ainsi révélé une absence de dosage dans 26 % des cas, une absence de forme pharmaceutique dans 32 % des cas, une posologie conforme au libellé de l’AMM dans seulement 73 % des cas, ou encore une présence de la surface corporelle quand cela est nécessaire dans 0 % des cas. Malgré ces difficultés, François Lemare estime que « le parcours pharmaceutique est une absolue nécessité dans la prise en charge en ville des patients atteints de cancer ».
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