APRÈS UNE BAISSE au début des années 2000, la consommation d’antibiotiques repart à la hausse depuis 2013, révèle un rapport de l’ANSM de novembre 2014. Les pathologies les plus fréquentes pour lesquelles des antibiotiques sont prescrits sont les affections des voies respiratoires, de l’appareil urinaire (ce qui explique partiellement que les femmes soient de plus grandes consommatrices que les hommes), puis les otites. Si la France n’est plus le premier pays consommateur en Europe, mais le quatrième, les comportements peuvent encore être modifiés, pour un meilleur usage. D’autant plus que le vieillissement de la population constitue un facteur d’accroissement de la consommation. En effet, si la recherche sur de nouvelles molécules est renforcée et a permis d’aboutir à de nouveaux antibiotiques (bédaquiline et delamanid contre la tuberculose pulmonaire multirésistante), cela n’est pas suffisant.
Que ce soit par l’OMS ou par le plan national d’alerte sur les antibiotiques 2011-2016, le rôle des pharmaciens pour améliorer le bon usage des antibiotiques est systématiquement souligné. Mais comment y parvenir ?
• Dossier pharmaceutique et contact avec le médecin.
« Nous arrivons après la prescription par le médecin, mais nous avons un rôle dans la dispensation, rappelle Marcelline Grillon, pharmacien à Orléans, et vice-président du bureau du conseil central de la section A. Il ne s’agit pas de vérifier la pertinence de cette prescription, d’autant plus qu’il nous manque l’historique au plan clinique, mais de vérifier l’incompatibilité possible. Grâce à l’outil très pointu que constitue le dossier pharmaceutique, nous pouvons être vigilants sur le nomadisme médical : deux prescriptions très rapprochées par deux médecins différents méritent ainsi vérification. Et en cas de doute, il est toujours possible d’appeler le médecin prescripteur. »
• Les conseils au patient.
« Nous n’avons pas la main sur le juste usage, mais nous pouvons insister auprès du patient sur l’observance, les doses à prendre, la durée du traitement, et le fait que même quand il se sent mieux, il doit poursuivre jusqu’à la fin du traitement comme indiqué sur l’ordonnance, souligne Marcelline Grillon. Il est important que nous insistions à chaque fois sur les conseils hygiénodiététiques : lavage des mains, port d’un masque quand on est malade et qu’on a un bébé. Nous promouvons ainsi les grandes campagnes de santé publique de l’État. Face aux femmes qui ont une prescription pour une cystite, l’un des grands pourvoyeurs d’antibiotiques, des conseils adaptés sont aussi nécessaires (éviter le port de vêtements serrés, aller aux WC régulièrement pour éviter que l’urine ne stagne, un phénomène propice aux infections urinaires…). » C’est pour cela aussi que la présence d’un comptoir confidentiel est primordiale. Ce sont des conseils de bon sens, mais ils doivent être répétés systématiquement.
• Délivrance à l’unité, quelle utilité ?
Une expérimentation de vente des antibiotiques à l’unité a débuté l’an dernier dans une centaine de pharmacies. Sera-t-elle efficace pour lutter contre l’antibiorésistance ? « Nous allons attendre les résultats pour savoir si c’est intéressant en terme d’observance, indique Marcelline Grillon. Mais cette étude présente en tout cas le mérite de poser le problème, et de sensibiliser les patients en mettant l’accent sur le surachat. »
Quant aux tests permettant de distinguer angine bactérienne d’angine virale, « très peu nombreux sont les officinaux à choisir d’en avoir à disposition, regrette Marcelline Grillon. En effet, le pharmacien doit les acheter alors qu’ils sont mis à disposition des médecins gratuitement. Cela nous permettrait pourtant d’alerter le patient en cas d’angine bactérienne pour l’envoyer chez un médecin, et au contraire, de lui expliquer l’inutilité des antibiotiques en cas d’angine virale. » Le médecin ne sait sans doute pas encore que l’arrêté du 11 juin 2013 qui permettait aux pharmaciens de réaliser cette mission de dépistage vient d’être annulé par le Conseil d’État
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