LES INDICATEURS du marché des laits infantiles, favorables à l’officine, se précisent ces derniers mois, même si la tendance est à une moindre progression des ventes. En cause, différents facteurs directement liés bien sûr à l’état de la maternité en France. Parmi eux, la baisse du nombre de naissances qui, pour l’année 2013, a marqué un recul de 1,2 % (INSEE) mais aussi la pratique de l’allaitement qui tend à progresser au sein des maternités où 68 % des mamans s’y soumettent et la poursuivent, pour une part, dans les mois qui suivent leur retour au foyer. C’est un des enseignements de l’investigation que le SFAE (Secteur français des aliments de l’enfance) mène depuis plusieurs années dans le but d’observer le comportement alimentaire de la maman vis-à-vis de son bébé. L’étude Nutri-Bébé SFAE 2013 révèle ainsi que le pourcentage d’enfants allaités complètement ou partiellement est de 46 % pour les bébés âgés de 15 jours à trois mois, et de 16 % pour les enfants de 8 à 11 mois. Alors que les mamans souhaiteraient allaiter entre 10 et 15 mois, la moyenne de durée de l’allaitement est en fait d’un peu plus de quatre mois. Si elle n’atteint pas encore les taux records constatés en Europe du nord, la pratique gagne incontestablement du terrain en France. L’étude Nutri-Bébé confirme une autre tendance, favorable au marché, quant à elle : l’augmentation de la consommation de lait de croissance chez les enfants jusqu’à trois ans, même si le lait de vache reste l’aliment majoritaire de 1 à 3 ans. En cela, les conseils des pédiatres qui préconisent la consommation d’un lait de croissance à partir de 10/12 mois et jusqu’à 3 ans, sont mieux suivis. Ils le sont, en revanche, plus rarement passés les 2 ans de l’enfant, seulement 24 % des 30/35 mois consommant un lait de croissance, contre 73 % se nourrissant de lait de vache.
Croissance à potentiel.
Préféré pour ses apports équilibrés en fer, en acides gras essentiels, protéines, vitamines et minéraux, le lait de croissance est considéré comme l’aliment « sécurité » capable de compenser ou corriger les conséquences d’une alimentation inadaptée de l’enfant qui imite parfois trop tôt celle de l’adulte. « Si l’on considère le grand nombre de consommateurs potentiels et la large période d’alimentation (deux années) qu’il peut couvrir, le lait de croissance constitue un segment très prometteur en terme de développement en pharmacie, assure Marion Del Rio, responsable marketing de la gamme Novalac (NHS). Nous avons de plus en plus le soutien des pédiatres qui conseillent d’adopter ce type de lait avant le passage au lait de vache. » En pharmacie, les ventes du segment auraient ainsi gagné près de 5 % en un an, une des plus fortes progressions du marché. Presque toutes les autres catégories des laits infantiles sont, bien que dans une moindre mesure, en croissance. Les formules AR (antirégurgitation) - segment massif des laits spéciaux qui relèvent, pour la plupart, du monopole pharmaceutique - sont en hausse de 2,5 %. Une progression qui, toutefois, reste en deçà de celle enregistrée par les formules épaissies et tout le champ des petits troubles digestifs dont les ventes gagnent près de 4 %. La plus forte évolution (12 %) est, sans surprise, réalisée par le segment de l’APLV (allergie aux protéines de lait de vache) qui répondrait aux besoins de 10 % des enfants de moins de un an, la plus modeste des performances revenant aux laits pour prématurés qui atteignent tout de même presque 2 % de hausse. Quant aux formules standards et relais, elles dépassent de peu ce dernier score, la seule régression du marché étant marquée par les laits HA (hypoallergéniques) concurrencés dans une certaine mesure par les préparations à base de riz et les laits de relais étudiés pour assurer la transition entre l’allaitement et le lait 1er âge.
La mission nutritionnelle qui incombe aux fabricants de laits infantiles n’exclut pas une certaine dimension novatrice dans l’offre qui peut, elle aussi, jouer en faveur des ventes. La gamme Novalac (NHS) a ainsi lancé en avril dernier une référence Novalac AR, à base d’amidon, vouée aux régurgitations simples et qui vient seconder la formule Novalac AR Digest destinée aux régurgitations plus sévères. Dans cette problématique, la marque confirme l’efficacité de l’association caroube, amidon, protéines partiellement hydrolysées de sa référence Novalac AR Digest au moyen d’une étude clinique.
Élan novateur.
Le travail des formules est aussi d’actualité pour Guigoz, qui tend à enrichir sa gamme en acides gras oméga 3 et oméga 6. La marque, présente sur tous les segments des laits infantiles, sauf l’APLV, veille aussi à réduire son taux de protéines, l’apport protidique étant soupçonné de favoriser l’obésité chez l’enfant. Soucieuse de faciliter la lecture de ses boîtes, autant en matière d’âge que de dénomination du produit, Guigoz a, en outre, revu son habillage, qui s’applique désormais aux traditionnelles boîtes en fer, mais aussi aux boîtes en carton de forme carrée, abritant deux sachets de poudre, un format récent commun à de nombreux fabricants. « Les sachets sont pratiques à transporter et aussi à utiliser puisqu’on peut en laisser à différents endroits, à la maison et chez la nounou par exemple, explique Ludovic Aujogue, directeur des marques Guigoz et Nidal chez Nestlé. Cette nouvelle forme de présentation répond aussi à notre volonté d’améliorer le service rendu aux mamans. Elles sont, par ailleurs, très sensibles aux avantages qu’offre l’officine, lieu de proximité et de conseil. D’autant que le circuit propose aujourd’hui un vrai choix de laits infantiles souvent bien présenté et agrémenté de promotions intéressantes. Ce rayon s’est beaucoup professionnalisé et progresse significativement. Alors que la GMS, théâtre d’une très forte guerre des prix, a perdu 2 % en valeur sur le rayon des laits infantiles. La grande distribution conserve cependant son leadership en matière de laits standards 2e âge et de croissance, avec respectivement 60 % et 75 % des parts de marché sur ces segments. »
Ce jeu de la concurrence touche moins l’officine qui abrite cependant de nombreuses marques de laits infantiles : Gallia vient de réorganiser son offre selon trois axes de besoins. La gamme Calisma se destine aux bébés bien portants (Calisma, Calisma Relais), la gamme Galliagest vise les troubles digestifs bénins (1 et 2, Croissance), la gamme Bébé Expert répond aux besoins spécifiques des bébés (Pré Gallia, AR, Gumilk, Lactofidia, Diargal, Soja, HA, Action-coliques). Une ligne de laits de croissance pour bébés bien portants vient les compéter.
Vitagermine référence cinq formules bio dans sa gamme Babybio (Optima 1er et 2e âges au bifidus, Lunéa 1er et 2e âges épaissi à l’amidon biologique et Babybio Croissance) tandis que la ligne Physiolac Bio (1 et 2, Croissance) des Laboratoires Gilbert abrite des laits certifiés AB ne contenant pas d’huile de palme. Elle est secondée de la gamme Physiolac répondant aux besoins nutritionnels du bébé bien portant ou à utiliser en cas de troubles digestifs. D’autres marques couvrent la plupart des segments de la nutrition infantile, laits standards, relais et croissance, mais aussi formules vouées aux problèmes de régurgitation, à la prévention du risque allergique, à l’allergie aux protéines de lait de vache (APLV), aux troubles digestifs, aux diarrhées, sans oublier les poudres épaississantes. C’est notamment le cas des gammes Modilac (Sodilac) et Picot (Lactalis Nutrition Santé) qui accueille deux nouvelles références (hydrolysat 3e âge et boudoirs sans lait) dans sa ligne Pepti Junior vouée à la problématique APLV. Mead Johnson, pour sa part, propose des laits standards, croissance, AR par l’intermédiaire de sa gamme Enfamil, alors que sa marque Nutramigen est centrée sur la problématique allergique.
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Françoise Amouroux
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