L’AUGMENTATION de la prévalence de l’asthme et des allergies observée dans les pays industrialisés peut, entre autres, être attribuée à des facteurs diététiques. La phase I de l’étude ISAAC (International Study on Allergies and Asthma in Childhood) a révélé une association inverse entre l’asthme chez les enfants et la consommation de féculents, de céréales et de légumes. Des études récentes ont porté sur des composants du régime dit « western style », c’est-à-dire comportant typiquement des burgers et des boissons gazeuses ; il semble contribuer à la sensibilisation allergique. « La consommation croissante des repas type fast food est un facteur suspecté d’être à l’origine de l’augmentation de la prévalence de l’asthme », écrivent G. Nagel et coll.
Les modèles diététiques de type régime méditerranéen se caractérisent par une forte consommation de fruits, de légumes, de poisson, avec un faible apport en graisses saturées de source animale, peu d’acides gras trans, mais un apport notable en acides gras polyinsaturés oméga 3. Ce type d’alimentation a été associé à une moindre prévalence des symptômes de l’asthme dans des études menées en Espagne, en Crète et au Mexique.
Questionnaires et mesures objectives.
La phase II de l’étude ISAAC a été mise sur pied pour
rechercher chez des enfants les associations des différents aliments composant le régime méditerranéen avec le diagnostic et les symptômes de l’asthme, avec la sensibilisation allergique, et l’hyperréactivité bronchique. C’est une grande étude internationale se fondant sur un questionnaire rempli par les parents ainsi que sur des mesures objectives de l’atopie (IgE, prick-tests).
Entre 1995 et 2005, des études transversales ont été réalisées dans 29 centres dans un groupe de 20 pays, comportant des pays riches et des pays émergents.
Ce qui a permis de collecter des données concernant 50 004 enfants scolarisés de 8 à 12 ans, dont
29 579 ont eu un prick-test. Les questionnaires parentaux portaient sur la composition de l’alimentation, sur les symptômes et diagnostics. Les risques relatifs (RR) ont été calculés selon les modes utilisés pour les métaanalyses.
Les résultats montrent que la consommation de fruits est associée à une prévalence basse des sifflements dans les pays riches (RR : 0,86), comme dans les régions défavorisées (RR : 0,71).
Une diminution de la prévalence des sifflements est aussi observée en association avec une consommation régulière de poisson dans les pays riches (RR : 0,85) et avec une consommation de légumes verts cuits dans les pays en développement (RR : 0,78).
Et, globalement, « une consommation plus fréquente de fruits, de légumes et de poisson est associée à une prévalence plus faible de l’asthme sur la vie entière ».
Aucun des aliments étudiés n’a été associé à une sensibilisation allergique. Et aucune association n’a été trouvée entre les aliments composant le régime méditerranéen et le sifflement atopique.
Différentes interprétations.
Différentes interprétations biologiques sont proposées. « Notre démonstration d’une relation inverse entre l’asthme et la fréquence de la consommation de fruits et légumes est en concordance avec les études antérieures chez les enfants. » Les fruits et légumes contiennent des antioxydants et des facteurs biologiques qui peuvent contribuer à leurs effets favorables dans l’asthme. Ainsi, il a été montré indépendamment que les vitamines C, E et le carotène ont une influence positive sur la fonction pulmonaire (études en Italie, en Finlande et aux Pays-Bas).
Pour les poissons, l’explication tient probablement aux acides gras polyinsaturés qu’ils apportent, car on a montré que ces composants s’opposent aux effets de l’activité proallergique des lymphocytes T helper.
Comme dans d’autres études, une prévalence plus élevée de l’asthme a été associée à une consommation de burgers. Les aliments des fast-foods sont riches en graisses végétales industrielles hydrogénées ainsi qu’en graisses animales, qui apportent des acides gras trans ; différentes études ont montré une relation avec l’atopie et l’asthme.
Enfin, en concordance avec d’autres publications, on observe une relation inverse entre l’adhésion au régime méditerranéen et les sifflements ainsi que l’asthme.
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Françoise Amouroux
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