« TROIS VERRES, bonjour les dégâts ». C’est précisément sur les conséquences graves et dramatiques de la consommation d’alcool, que le soda Outox espère avoir une action préventive, au même titre que la ceinture de sécurité et les airbags pour les automobilistes, ou les préservatifs pour les relations sexuelles. Maurice Penaruiz, P-DG d’Outox International, n’hésite pas à qualifier la boisson gazeuse de Safety drink et à la positionner comme une boisson de responsabilisation et de sauvegarde dont l’objectif est de tendre vers la sécurité des consommateurs. Outox cible les buveurs occasionnels pour un usage raisonné, c’est un accélérateur de la baisse naturelle du taux d’alcool dans le sang et une aide à un retour plus rapide à un état normal. « Cette boisson n’est pas conseillée chez les buveurs excessifs dont le problème n’est pas la limitation ponctuelle de leur alcoolémie, insiste le Dr Magali Cocaul, endocrinologue et nutritionniste. Les buveurs chroniques recherchent les effets euphorisants de l’alcool et l’ivresse et Outox ne pourrait que masquer ces effets. »
Les détracteurs dénoncent les effets pervers de ce coup médiatique vis-à-vis des consommateurs, surtout les plus jeunes, et le caractère irresponsable de la démarche. « La vente de produits miracles qui banalisent l’alcool et entretiennent l’illusion que l’on pourrait boire et conduire sans risque n’est pas tolérable », s’indignent les associations de consommateurs. Les messages mensongers d’une chute du taux d’alcoolémie avant un contrôle routier favorisent une prise de risque aux conséquences dramatiques, et l’association Prévention Routière a demandé à la DGCCRF d’interdire la commercialisation d’Outox. « Nous sommes conscients des dérives possibles et il est clair que le soda Outox ne doit pas être un prétexte pour pouvoir boire plus. Sur chaque canette nous mettons en garde contre l’abus d’alcool et recommandons le réflexe éthylotest », rétorque Maurice Penaruiz.
Se conformer à la législation européenne.
Les effets du produit à base de fructose et d’acide ascorbique soulèvent aussi la polémique. Leur évaluation est jugée insuffisante sur le plan scientifique, même si Marc Smaele, inventeur de la boisson, répond avec une étude confiée à un laboratoire français indépendant Dermscan, menée auprès de soixante volontaires, et qui prouve l’efficacité du soda tant en terme de taux d’alcool dans l’air expiré que de comportement des individus. Pour le secrétaire d’État en charge du Commerce, Hervé Novelli, les vertus supposées de cette boisson « n’ont pas fait l’objet d’une évaluation par les autorités scientifiques européennes », c’est-à-dire l’Agence européenne de sécurité alimentaire (AESA). Hervé Novelli a demandé à la DGCCRF de mettre en demeure la société Outox de se mettre en conformité avec la réglementation communautaire et de ne pas commercialiser le produit tant que sont mis en avant des effets non évalués scientifiquement sur l’organisme. Des mesures qui pourraient conduire rapidement les initiateurs du projet en « cellule de dégrisement ».
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