Que reproche-t-on aux benzodiazépines ?
Troubles de la mémoire et du comportement, altération de l’état de conscience et des fonctions psychomotrices… Autant de risques, accrus chez le sujet âgé, auxquels s’ajoute une suspicion de lien avec la maladie d’Alzheimer évoqué par quelques études récentes. Le Pr Bernard Bégaud travaille depuis dix ans sur le sujet. « On ne peut pas savoir si des cas d’Alzheimer sont induits ou précipités par la consommation de benzodiazépines, mais si ces études sont vérifiées, plusieurs milliers de cas seraient à mettre en relation avec la consommation de ces médicaments. »
L’utilisation des BZD peut entraîner un phénomène de sevrage à l’arrêt du traitement. Pose également problème l’association avec l’alcool (qui majore leur effet sédatif), avec des dépresseurs du système nerveux central (qui augmente la dépression centrale et l’altération de la vigilance) et avec des dérivés morphiniques (qui amplifie le risque de dépression respiratoire). Il existe en outre des usages abusifs ou détournés par les toxicomanes et un risque d’usage criminel à des fins de soumission chimique.
Quelles mesures envisage l’AFSSAPS ?
L’AFSSAPS a mis en place des mesures pour favoriser leur bon usage : harmonisation du résumé des caractéristiques du produit et de la notice, diffusion d’informations auprès des professionnels de santé, encadrement renforcé de la prescription et de la délivrance, prévention du risque d’abus par modification galénique et du conditionnement, surveillance par les réseaux de vigilance sanitaire. L’AFSSAPS cherche à inciter les prescripteurs à « peser » la première prescription, limiter les posologies et la prescription dans le temps, éviter la prescription simultanée de plusieurs BZD et évaluer régulièrement la pertinence du traitement. Un renforcement de l’information des patients et de la formation initiale des médecins sur les psychotropes est aussi envisagé. L’Agence réfléchit à rendre obligatoire l’utilisation d’ordonnances sécurisées pour l’ensemble des BZD et à réduire la taille des conditionnements.
Peut-on s’en passer ?
Depuis 2007, la Haute autorité de santé rappelle que les troubles dépressifs et anxieux ne doivent pas être traités uniquement par une prescription médicamenteuse. Des approches psychothérapeutiques, comportementales et éducatives sont préconisées mais elles sont trop souvent entravées par la contrainte économique. Psychothérapies longues et coûteuses, phytothérapie déremboursée… Le patient lui-même trouve plus simple et moins cher de prendre une BZD !
Quelle est la consommation en France ?
Les Français sont 20 % à consommer une benzodiazépine (BZD) ou apparentée chaque année. Indiquées dans le traitement des manifestations anxieuses, du sevrage alcoolique, des troubles sévères du sommeil, de l’épilepsie et des contractures musculaires douloureuses, les BZD anxiolytiques présentent une consommation en baisse depuis 2002 (avec une nouvelle hausse depuis 2009), tandis que les BZD hypnotiques sont stables. Néanmoins, la consommation d’hypnotiques diminue au profit d’une augmentation des substances apparentées (zolpidem et zopiclone).
Qui sont les consommateurs ?
L’âge médian des utilisateurs est de 48 ans et 59,3 % sont des femmes. La consommation de BZD augmente avec l’âge. En moyenne, un patient sur quatre traités par une BZD est atteint d’une pathologie chronique (cancer, diabète, etc.). Le temps de traitement médian est de sept mois pour une BZD anxiolytique et hypnotique ou apparentée, de quatre mois pour le clonazépam et de deux mois pour le tétrazépam.
Qui sont les prescripteurs ?
Les primoprescriptions sont établies à 88 % par des médecins libéraux, en grande majorité des généralistes, mais aussi par des rhumatologues et des psychiatres. Sur les 134 millions de boîtes consommées en France, 128 millions sont issues des officines et 6 millions sont utilisées en établissement hospitalier.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques