Les Lactobacillus murinus, constitutives du microbiote intestinal, joue un rôle central dans l’augmentation du risque d’hypertension induit par la consommation excessive de sel.
On savait déjà que la consommation excessive de sel provoque une augmentation de la volémie et une stimulation du système nerveux sympathique, deux moyens par laquelle elle provoque une croissance de la pression artérielle. Selon les derniers résultats publiés dans « Nature », par une collaboration de chercheurs américains de l’institut de technologie du Massachusetts (MIT) et allemands de l’hôpital universitaire de la Charité de Berlin, un autre mode d’action passe par le microbiote. Une forte consommation de sel réduit la population de Lactobacillus murinus, ce qui provoque la prolifération de lymphocytes Th17. Ces lymphocytes T auxiliaires sont réputés pour être associés à une augmentation de la pression artérielle, bien que le mécanisme à l’origine de cette relation reste mal connu. Les auteurs ajoutent que la modification du microbiote passe aussi par une perturbation du métabolisme bactérien du tryptophane.
Application chez l'homme
Les nouveaux résultats publiés dans « Nature », montrent également que la prise de probiotiques peut inverser cette tendance. Les chercheurs ont nourri 11 souris avec un régime alimentaire 8 fois plus riche en sel que la normal (le sel représentant 4 % du poids de ce qu’elles mangeaient chaque jour). Au bout de 2 semaines, ils ont comparé les selles des animaux à celles de 9 autres souris bénéficiant d’une alimentation plus pauvre en sel. Les souris consommant beaucoup de sel ont connu un effondrement de la population de Lactobacillus murinus, une augmentation de celles des lymphocytes Th17 et une augmentation de la pression artérielle. La prise d’un probiotique contenant cette même bactérie a résulté dans une disparition de l’hypertension et un reflux de la population de lymphocyte Th17.
Reproduite chez 12 volontaires humains, l’expérience a montré que l’ajout de 6 g de sel par jour au régime alimentaire en 2 semaines (pour un total moyen de 13,8 g par jour), suffisait à modifier la composition du microbiote, et augmenter la pression artérielle de 8 volontaires. Si un probiotique disponible dans le commerce était proposé au cours de la semaine précédant le régime riche en sel, ce dernier n’avait pas d’impact sur le microbiote et la pression artérielle. Les auteurs appellent de leurs vœux l’organisation d’essai randomisés pour confirmer ces premières données.
« Il ne faut pas interpréter nos résultats comme une autorisation pour consommer de grandes quantités de sel du moment que l’on prend un probiotique », rappellent prudemment les auteurs. « Je pense qu’il y a un développement prometteur dans le domaine des probiotiques qui pourront annuler les effets d’une alimentation trop riche en sel », explique le Pr Eric Alm, directeur du centre de recherche thérapeutique et informatique sur le microbiome, rattaché au MIT.
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