Quelques chiffres
On estime à 5 millions le nombre de migraineux en France, avec une prédominance chez la femme (3 femmes pour 1 homme). Seulement 10 % des migraineux feraient appel à un médecin pour être pris en charge. Dans les pays industrialisés, les céphalées de tension affectent à elles seules les deux tiers des hommes adultes et plus de 80 % des femmes. Les céphalées chroniques quotidiennes concernent 3 % de la population française adulte.
Quelques définitions
La céphalée est un symptôme fréquent de gravité variable : elle peut accompagner un simple syndrome grippal ou une migraine, une algie vasculaire de la face, mais elle peut aussi être le symptôme d’une hémorragie méningée. On parle de céphalée secondaire lorsqu’elle est symptomatique d’une pathologie neurologique ou systémique (fièvre, désordre métabolique, affection ORL, traumatisme crânien, affection vasculaire…) et de céphalée primaire lorsqu’elle n’accompagne pas une lésion ou une pathologie sous-jacente Les céphalées primaires se divisent en deux groupes : les céphalées paroxystiques (migraine, céphalée de tension, algie vasculaire de la face par exemple) et les céphalées chroniques quotidiennes. L’intensité d’une céphalée n’est pas liée à la gravité de la situation.
Les céphalées les plus répandues sont la céphalée de tension, la céphalée migraineuse, l’algie vasculaire de la face, et la céphalée chronique quotidienne.
Les céphalées de tension pourraient être liées au stress ou à des problèmes musculo-squelettiques cervicaux. La personne qui en souffre ressent comme une pression ou une tension enserrant la tête et pouvant irradier jusqu’au cou, d’intensité faible à modérée. Contrairement à la migraine, elles sont bilatérales. Souvent, les céphalées de tension sont épisodiques et ne durent que quelques heures mais elles peuvent aussi persister quelques jours. Les céphalées de tension chroniques sont plus rares.
La migraine se manifeste la plupart du temps par la présence de céphalées débutant au niveau de la région fronto-temporale ou cervico-occipitale. Dans la migraine sans aura, les crises se manifestent par des céphalées hémicrâniennes et pulsatiles, associées à des nausées, des vomissements, une rougeur faciale et une hyperesthésie sensorielle (photophobie, phonophobie). Elle dure en moyenne de quelques heures à trois jours et est aggravée par l’effort physique. Dans la migraine avec aura (25 % des cas), une aura précède la céphalée. Il dure en moyenne de cinq à soixante minutes, est progressif et se manifeste le plus souvent par des troubles visuels (phosphènes ou scotome scintillant se manifestant par un point lumineux dans le champ visuel des deux yeux et qui s`élargit pour donner place à un scotome central qui disparaît), parfois par des paresthésies ou des troubles de la dénomination. La principale complication d’une migraine est l’évolution vers une céphalée chronique quotidienne.
La céphalée chronique quotidienne se définit par la présence depuis au moins trois mois de céphalées plus de 15 jours par mois et plus de quatre heures par jour en l’absence de traitement. Elle représente souvent l’évolution d’une céphalée primaire qui a évolué vers une expression chronique, particulièrement de la céphalée migraineuse. Dans 60 à 80 % des cas, elle est liée à une consommation chronique (depuis plus de trois mois) et excessive de médicaments contre les céphalées. Elle est plus fréquente chez les femmes. On la retrouve lors d’une prise excessive de paracétamol, de caféine, de codéine, d’ergotamine ou de triptans par exemple. C’est une céphalée persistante et souvent plus douloureuse au réveil. Le surpoids et une comorbidité anxiodépressive sont aussi mis en cause dans la céphalée chronique quotidienne.
L’algie vasculaire de la face se manifeste par une crise douloureuse intense et brève à type de broiement ou de brûlure, localisée le plus souvent dans la région orbitaire mais pouvant irradier jusqu’à l’épaule. Elle évolue de façon épisodique par salves de deux à huit semaines.
Un peu de physiopathologie
La physiopathologie de la migraine a été la plus étudiée dans l’étude des céphalées. La migraine s’explique par une dysfonction neuronale au niveau du cortex et du tronc cérébral, dépendant de facteurs génétiques et déclenchée ou accentuée par des facteurs environnementaux. On distingue deux phases. La phase précédant la douleur (avec ou sans aura) s’explique par une inhibition de l’activité neuronale corticale accompagnée de divers déficits et par une baisse de la perfusion sanguine. Une vasoconstriction intracrânienne a lieu par libération de sérotonine. Pendant la crise, c’est l’extravasation de substances vasoactives avec vasodilatation qui entraîne une inflammation périvasculaire au niveau de la dure-mère. Les substances algogènes libérées stimulent les fibres nerveuses, engendrant la douleur.
Les mots du conseil
Certains symptômes nécessitent une consultation d’urgence : par exemple l’installation brutale d’une céphalée sévère, l’aggravation progressive d’une céphalée permanente, une céphalée déclenchée par un effort, la présence de signes associés comme somnolence, perte de mémoire, myalgies ou arthralgies, amaigrissement ou altération de l’état général, troubles visuels, fièvre, vomissements.
Le plus souvent, à l’officine, les clients viennent chercher à soulager une céphalée qu’ils connaissent bien ou viennent demander des traitements accompagnateurs d’un traitement déjà mis en place. Il est souvent important de faire le point sur le traitement en cours : d’abord surveiller les renouvellements trop fréquents de triptans ou d’ergotés qui peuvent être les signes d’un abus médicamenteux. Ensuite, s’assurer de la bonne prise des triptans et rappeler si besoin comment ils doivent être pris, à savoir en début de la crise céphalalgique de la migraine, et non pas en prévention ou pendant la phase d’aura. Un deuxième comprimé ne sera pris qu’en cas de réapparition des symptômes après efficacité du premier comprimé, et en respectant un intervalle de deux à quatre heures entre les deux prises. Les abus médicamenteux se repèrent aussi lors d’une demande spontanée trop fréquente d’antalgiques au comptoir. Penser aussi à la surconsommation de thé ou de café, la caféine pouvant aussi être responsable de céphalées chroniques quotidiennes : une tasse par jour peut suffire.
Hygiène de vie.
Il est conseillé de tenir un agenda afin d’une part d’identifier les potentiels facteurs déclencheurs d’une céphalée. Ceux-ci sont variés : alimentation, activité, période menstruelle, contraception, parfums, manque de sommeil ou sommeil excessif, hypoglycémie, stress, lumière intense… D’autre part, l’agenda permet de répertorier la fréquence, la durée et l’intensité des crises.
Une bonne hygiène de vie est indispensable pour essayer de limiter les céphalées. Ainsi, dormir à heures régulières, pratiquer une activité physique, et surveiller son alimentation font partie des conseils à donner. Le migraineux apprendra à repérer les aliments déclencheurs d’une crise : chocolat (bien que finalement très rarement en cause), alcool, fromages, viandes, café, glutamate… Les activités antistress, une compresse froide sur la nuque et le repos, de préférence dans une pièce sombre, jouent aussi un rôle important.
Les produits conseils
Recommandations dans le traitement de la crise migraineuse.
Les traitements spécifiques de la migraine nécessitent une prescription médicale. Ce sont les triptans le tartrate d’ergotamine et la dihydroergotamine.
Les traitements non spécifiques de la migraine sont certains AINS (naproxène, ibuprofène, kétoprofène, diclofénac), l’aspirine ou le paracétamol.
Toujours selon les recommandations, « l’association de la caféine au paracétamol et à l’aspirine n’a pas fait la preuve clinique d’une potentialisation d’effet et ne peut pas être recommandée, d’autant qu’il n’est pas exclu que la caféine induise un abus médicamenteux, voire un comportement addictif. ». De même, il est « recommandé d’éviter les opioïdes, seuls ou en association, qui peuvent aboutir à un abus médicamenteux, voire à un comportement addictif ».
Médecine douce.
Côté phytothérapie, la partenelle, ou grande camomille, peut s’utiliser en prévention pendant trois mois dans les maux de tête ou migraines, grâce à un possible effet bloquant la libération de sérotonine. La reine-des-prés peut s’utiliser pour soigner la douleur. L’écorce de saule blanc possède des propriétés proches de l’aspirine grâce aux dérivés salicylés qu’elle renferme.
Pour les adeptes de l’homéopathie, penser à quelques souches clés comme Coffea cruda ou Gelsemium sempervirens. On conseille aussi Iris versicolore 9 CH et Sanguinaria 9 CH à alterner toutes les heures pendant une crise migraineuse, compléments d’un traitement de fond à base de Lycopodium 9 CH. Soulager les céphalées survenant au moment des règles se fera avec : Cyclamen 5 CH si une migraine s’accompagne de troubles visuels, Ignatia amarra 9 CH lors d’une céphalée chez une femme anxieuse, Sepia 7CH lors de céphalées accompagnées de nausées. Kalium phosphorique, Phosphoricum acidum et Zincum metallicum sont des souches préconisées dans les céphalées des personnes fatiguées ou surmenées.
En aromathérapie, la menthe poivrée est le remède classique, à appliquer sur les tempes loin des yeux. Des formulations toutes faites sont aussi commercialisées, tells des sticks à base de complexe d’huiles essentielles, à appliquer en massages sur les tempes, le front et la nuque. Pour masser les tempes, on trouve également le macaron au menthol.
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