Quelques définitions
Articulation : l’articulation est enveloppée par une capsule et des ligaments. À l’intérieur, les surfaces des têtes osseuses sont recouvertes de cartilage. Une membrane sécrète un liquide lubrifiant, la synovie. Après quelques minutes d’activité physique, le cartilage s’épaissit par absorption de liquide provenant de la synovie et de l’os sous-jacent, permettant d’accentuer sa fonction d’amortisseur. Cette adaptation devient de moins en moins efficace avec l’âge.
Cartilage : il assure la mobilité de l’articulation. Il est composé de cellules, les chondrocytes, et d’une matrice extracellulaire constituée de glycosaminoglycanes et de collagène. D’autres substances entrent dans la composition du cartilage telles que la chondroïtine sulfate, l’acide hyaluronique et la chondropectine. Selon la composition quantitative, on distingue le cartilage hyalin, le fibrocartilage et le cartilage élastique. Contrairement à d'autres tissus conjonctifs, du cartilage ne contient pas de vaisseaux sanguins, ce qui rend difficile sa réparation lorsque celui-ci est usé.
Arthrose : l’arthrose est une maladie se caractérisant par une dégénérescence des cartilages, liée à l’âge ou à une sollicitation intensive. Les grosses articulations comme le genou (gonarthrose) ou la hanche (coxarthrose) sont les plus fréquemment atteintes. L’arthrose est devenue un réel problème de santé publique puisqu’elle crée une perte d’autonomie des personnes atteintes.
Arthrite : on distingue les formes aiguës d’arthrite et les formes chroniques. L’arthrite aiguë est généralement due à une infection. L’articulation est douloureuse, rouge chaude et enflée. Cette inflammation s’accompagne de fièvre. L’arthrite chronique se caractérise par une évolution lente. L’exemple le plus fréquent est la polyarthrite rhumatoïde. Dans cette maladie auto-immune, le système immunitaire agresse les cartilages articulaires.
Un peu de physiopathologie
Les douleurs articulaires sont regroupées sous le terme de polyarthralgie. Elles sont très souvent causées par une usure du cartilage liée à l’âge ou à une sollicitation extrême, chez les sportifs par exemple (l’arthrose du pied est fréquemment observée chez les footballeurs !). Celui-ci perd de sa souplesse et exerce moins bien sa fonction d’amortisseur.
Le cas particulier de l’arthrose.
L’arthrose reste l’affection du cartilage la plus commune. Outre des altérations biochimiques du cartilage, de la synovie et du liquide articulaire, cette pathologie fait intervenir des phénomènes constitutionnels comme l’âge, le sexe, le poids ou l’hérédité, ainsi que des facteurs mécaniques locaux tels qu’une dysplasie de la hanche ou un problème de ménisque. Le processus arthrosique se déclenche en réponse à un excès de pression sur le cartilage. On observe alors une réaction mécanique au cours de laquelle le cartilage se fragilise, se fissure et finit par s’amincir et se fragmenter. Des fragments tombent dans la cavité articulaire. Dans un même temps, on assiste à une augmentation générale du métabolisme des chondrocytes, d’abord en faveur d’une synthèse pour assurer la réparation du cartilage, puis en faveur de la destruction de celui-ci. Les autres éléments de l’articulation comme la membrane synoviale ou l’os sous-chondral vont finalement être touchés. Il en résulte une inflammation, un raidissement de l’articulation et une douleur au mouvement, notamment après un exercice plus soutenu qu’à l’ordinaire, jardinage, bricolage ou randonnées par exemple. À terme, on peut observer une déformation des membres, très caractéristique dans la rhizarthrose par exemple.
Les mots du conseil
Les douleurs articulaires font fréquemment l’objet d’une demande au comptoir. Il est cependant important de connaître l’origine de ces douleurs.
Arthrose, arthrite ou autres maladies rhumatismales ?
Toutes les douleurs articulaires ne sont pas de l’arthrose. Un diagnostic médical est primordial.
S’il s’agit d’arthrose, la prise en charge repose avant tout sur des mesures hygiénodiététiques d’une part et non pharmacologiques telles que la kinésithérapie, le port d’orthèses ou l’utilisation d’une canne d’autre part. En effet, parmi les facteurs de risque d’arthrose, et plus particulièrement de gonarthrose, on citera l’obésité. Soulager les articulations en perdant du poids peut atténuer la douleur et ralentir l’évolution de la maladie.
La ménopause constituerait également un autre facteur de risque, les femmes étant trois fois plus touchées que les hommes. Cette proportion laisse suggérer une action hormonale, caractérisée par une action bénéfique des hormones féminines sur les cellules du cartilage. Les données sont cependant insuffisantes pour démontrer l’efficacité des traitements hormonaux substitutifs dans le traitement de l’arthrose.
Bougez !
L’activité physique est recommandée mais attention, il faut choisir un sport adapté, qui n’entraîne pas une hypersollicitation de l’articulation touchée. Le vélo ou la natation sont recommandés, puisqu’ils permettent de soulager les articulations du poids du corps.
En phase chronique, caractérisée par une gêne variable et une douleur modérée, l’activité physique régulière est conseillée. En revanche, en cas de poussées congestives et donc de crises douloureuses, il est recommandé de laisser l’articulation au repos. Des exercices physiques à réaliser à domicile sont proposés sur le site de la société française de rhumatologie. À conseiller aux patients !
Après un effort, si une articulation est douloureuse, il est possible de conseiller l’application d’une poche de froid pendant 15 à 20 minutes.
Anglaise ou simple.
L’utilisation d’une canne est recommandée dans le cas d’arthrose du genou ou de la hanche. Mais attention à bien l’utiliser. Qu’il s’agisse d’une canne anglaise ou d’une canne simple, celle-ci doit être portée du côté opposé au côté malade, afin que ce soit elle qui porte le patient et non l’inverse. En effet, de cette manière, à chaque fois que le pied du côté malade est posé, le patient prend appui en même temps sur la canne, et le poids exercé va se trouver réparti entre les deux côtés.
Enfin, les orthèses permettent d’immobiliser l’articulation touchée. Toutefois, la mise au repos ne doit pas dépasser deux ou trois jours.
Les produits conseil
Pour soulager la douleur, le traitement de première intention et pouvant être obtenu sans ordonnance est le paracétamol. Sa délivrance doit évidemment s’accompagner du rappel de la posologie. S’il s’agit d’une demande ponctuelle, le pharmacien s’assure que le patient ne prend pas d’autres médicaments à base de paracétamol. L’ibuprofène au dosage de 400 mg, comme les autres AINS disponibles avec ou sans prescription, est indiqué en seconde intention ou pour le traitement des poussées congestives de l’arthrose. Des associations de paracétamol et d’un autre antalgique (opioïdes faibles) ou de paracétamol et d’AINS (acide acétylsalicylique) existent, certaines pouvant être obtenus sans ordonnance. On citera Sédaspir, Prontalgine, Codoliprane ou Compralgyl. Attention cependant à l’utilisation de médicaments contenant de l’aspirine, notamment chez les personnes traitées par anticoagulants oraux.
En traitement d’appoint des douleurs arthrosiques, on peut citer les insaponifiables de soja (Piasclédine), des dérivés du collagène (Jonctum) ou des chondroïtines sulfates (Structum, Chondrosulf). Ces derniers, bien que pouvant être obtenus sans ordonnance, nécessitent l’établissement préalable d’un diagnostic, en raison de leur indication précise.
Les compléments alimentaires.
La nutrithérapie n’a pas oublié les douleurs articulaires. De nombreux compléments alimentaires sont aujourd’hui commercialisés, pourvus d’allégations du type protection du cartilage, amélioration de la souplesse des articulations et soulagement de la gêne articulaire. La chondroïtine et la glucosamine sont les chefs de file de ces compléments, puisqu’on les retrouve dans plus d’une trentaine de spécialités. Concernant la chondroïtine, que l’on retrouve par ailleurs dans la composition de médicaments, des études cliniques ont suggéré son efficacité dans la prévention de la progression de l’arthrose. Elle est obtenue à partir du cartilage de poisson (de requin par exemple !). La prise simultanée de glucosamine pourrait amplifier son effet. Cette dernière substance est un élément entrant dans la constitution des protéoglycanes. En apport supplémentaire, elle épaissirait le liquide présent dans les articulations et stimulerait la production de protéoglycanes. Obtenue à partir de la carapace de crustacés, elle se présente sous forme de gélules ou de capsules. La dose utilisée est de 1 500 mg par jour. Selon certaines études, la glucosamine provoquerait une possible augmentation de la résistance à l’insuline. Son utilisation est donc fortement déconseillée chez les personnes diabétiques ou obèses. Glucosamine et chondroïtine sulfate sont très souvent associées dans une même présentation. On y retrouve également le Méthyl sulfonyle méthane (MSM), substance contenant du soufre. Parmi les autres substances proposées pour soulager les douleurs articulaires, on citera la S-adénosyl-L-méthionine ou SAM-e. La SAM-e est naturellement produite par le corps. Elle participe à la fabrication de molécules. Cependant, cette substance n’est pas commercialisée en France à ce jour.
L’homéopathie.
Les douleurs articulaires peuvent être soulagées par l’homéopathie. Le médicament principal est Rhus toxicodendron, notamment quand les douleurs sont la conséquence d’un surmenage physique. En cas d’arthrose, le traitement homéopathique sera plus complexe et tiendra compte, outre la cause, des modalités d’aggravation ou d’amélioration, des symptômes concomitants et de la localisation.
Aromathérapie, phytothérapie et oligothérapie.
L’utilisation d’huiles essentielles (basilic exotique et gaulthérie par exemple) en massage peut soulager les douleurs arthrosiques. Parmi les huiles essentielles antalgiques, on citera également la menthe poivrée (feuille), le giroflier (bouton floral) ou encore la lavande (fleur).
En phytothérapie, les racines d’Harpagophytum procumbens, l’écorce de saule blanc ou encore la tige de bambou entrent dans la composition de nombreuses spécialités. L’huile de bourrache, riche en oméga-6 (acide linoléique) administrée pendant plusieurs mois semble également réduire les symptômes de l’arthrose. L’ortie (Phytalgic), du fait de sa richesse en silicium, la reine des prés et le cassis sont également réputés pour soulager les douleurs articulaires.
Enfin, les médicaments d’oligothérapie (cuivre, or et soufre) sont considérés comme des traitements d’appoint de l’arthrose. Ces médicaments agissent comme des modificateurs de terrains. On citera par exemple les Granions ou les gammes Oligosol et Oligostim.
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Françoise Amouroux
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