L'étude Vigicann, randomisée, en double aveugle contre placebo, réalisée au sein de l’hôpital Raymond Poincaré (Garches) sous l’égide du Pr Jean-Claude Alvarez avait pour principaux objectifs, sur 24 heures, de mesurer comparativement chez des fumeurs occasionnels ou chroniques de cannabis les relations entre le dépistage salivaire (positivité) et le dosage sanguin, ainsi que les effets sur le temps de réaction et l’aptitude à conduire (sur un simulateur). Ont été inclus 37 hommes de 18 à 30 ans, consommateurs occasionnels ou chroniques depuis plus d’un an.
Les consommations des joints étaient standardisées : bouffées de 2 secondes, toutes les 40 secondes, avec un total de 15 bouffées ; le reste du mégot était ensuite analysé afin de déterminer la dose de THC réellement absorbée.
Distinguer fumeur occasionnel et chronique
Les résultats mettent en évidence d’importantes différences en ce qui concerne les taux sanguins entre les deux groupes, ceux des fumeurs chroniques étant près du double de ceux des fumeurs occasionnels, ce qui semble s’expliquer par une aspiration plus intense chez les premiers.
L’évolution en fonction du temps est également révélatrice : au bout de 3 à 4 heures, les fumeurs occasionnels sont repassés sous le seuil de positivité (1 ng/mL en France de THC), alors qu’après 24 heures, les fumeurs chroniques sont toujours positifs.
Si on s’intéresse cette fois au THC-COOH, métabolite du THC, on constate que tous les sujets deviennent négatifs à 4 heures au seuil de 1 ng/mL et à partir de 9 heures pour un seuil de 0,5ng/mL. Surtout, sur 24 heures, les fumeurs occasionnels n’ont jamais dépassé 10 à 12 ng/mL, alors que les fumeurs chroniques, à l’inverse, ne se sont jamais situés en dessous de ce seuil.
Et les auteurs de conclure que le THC-COOH permet de distinguer entre les fumeurs occasionnels et chroniques… ce qui n’est pas fait aujourd’hui.
D’autre part, si les tests salivaires sont tous positifs au départ, leur sensibilité chute rapidement : seulement 1 consommateur sur 2 correctement dépisté après 5 heures. Les fumeurs occasionnels n’ont généralement pas de THC dans le sang en cas de test négatif, alors que les fumeurs chroniques ont un test négatif alors même qu’ils ont un THC sanguin autour de 1 ng/mL. L’analyse statistique montre que pour un même taux sanguin, les fumeurs occasionnels ont plus de chance d’être dépistés que les fumeurs chroniques.
Enfin, Vigicann a également mis en évidence des effets plus marqués sur le temps de réaction, ainsi que sur la conduite, chez les fumeurs occasionnels par rapport aux fumeurs chroniques. Alors que dans les deux groupes, l’effet était maximal 5 heures après la prise de cannabis, sa durée totale s’est trouvée augmentée dans le groupe « occasionnels », environ 10 heures versus 7 heures pour le temps de réaction et 13 heures versus 8 heures pour la conduite.
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