MASCULIN ET FÉMININ ne sont pas diamétralement opposés, la biologie nous le prouve une fois de plus. Lors d’un hypogonadisme ou du vieillissement, tous les symptômes liés au déficit en androgènes ne sont pas expliqués par la seule testostérone en berne. Un déficit en œstrogènes aurait aussi sa part de responsabilité pour certains d’entre eux, selon une étude randomisée, contrôlée du Massachusetts General Hospital. Comme l’explique le Dr Joel Finkelstein, l’auteur correspondant de l’étude : « La plus grande surprise était que certains symptômes habituellement attribués au déficit en testostérone sont en réalité dus, partiellement voire quasiment exclusivement, au déficit en estrogènes qui est indissociable de faible taux de testostérone ».
Muscle, masse grasse, sexualité.
Plus de 80 % de l’œstradiol circulant chez les hommes provient de l’aromatisation de la testostérone. Ce qui explique qu’un déficit en testostérone s’accompagne d’un déficit concomitant en œstradiol. Et si la responsabilité de l’hypoestrogénie est connue dans la perte osseuse, le rôle dans la composition corporelle et la fonction sexuelle, était largement méconnu. En comparant deux groupes d’environ 200 sujets sains âgés de 20 à 50 ans, l’un recevant une castration chimique bloquant l’aromatisation de la testostérone (goséréline +anastrozole), l’autre non (goséréline seule), l’étude américaine a permis de faire la part des choses entre les deux hormones. L’hypoandrogénie entraînerait la fonte de la masse maigre, du volume musculaire et de la force, tandis que le déficit en œstrogène expliquerait totalement l’augmentation de la masse adipeuse. Les deux hormones déficitaires contribuent à l’altération de la fonction sexuelle, à savoir la baisse de la libido et les troubles de l’érection, l’hypoestrogénie donnant une atteinte plus marquée et plus précoce.
Ces résultats pourraient avoir des conséquences pour la prise en charge de l’andropause et de l’hypogonadisme. Pour les auteurs, la substitution en testostérone devrait être décidée sur les symptômes cliniques et pas seulement sur les chiffres de testostéronémie. La testostérone administrée devrait pouvoir être aromatisée en œstrogène. « Il est nécessaire également d’évaluer les effets de la substitution en testostérone sur la prostate, à la fois le cancer et l’hypertrophie bénigne, et sur la santé cardio-vasculaire », ajoute le Dr Finkelstein. Comme la célèbre étude sur le traitement hormonal chez la femme, la Women’s Health Initiative, a découvert des effets inattendus, « nous avons besoin d’une Men’s Health Initiative pour explorer ces questions avant de donner des recommandations à large échelle pour la substitution en testostérone ».
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