DIFFICULTÉS d’endormissement, réveils nocturnes et/ou trop matinaux, sensation au réveil de ne pas être suffisamment reposé, si ces trois formes d’insomnie sont assez banales, leur récurrence met le cœur en danger. Lui aussi fatigue. Selon une étude de cohorte norvégienne, la Nord-Trondelag Health Study, chez 54 279 sujets âgés de 20 à 89 ans, indemnes à l’inclusion et suivis pendant plus de dix ans (1995-1997 à 2008), le fait de souffrir d’insomnie augmente le risque de développer une insuffisance cardiaque (IC) à long terme. Mais, prudence, le lien de causalité n’est pas prouvé pour autant. Pour les auteurs, « s’il l’était, l’insomnie pourrait être améliorée à l’aide de mesures simples (...). ».
Des biais contrôlés avec soin.
Plus l’insomnie est sévère, plus le risque d’insuffisance cardiaque guette. Si l’effet s’avère modéré en cas d’un ou deux symptômes, le risque serait plus que quadruplé quand les trois sont présents simultanément. Pas de doute, c’est l’insomnie qui est en cause, puisque les chercheurs de Trondheim ont bien pris soin de prendre en compte de nombreux facteurs confondants, avec au premier rang ceux en rapport avec le risque cardio-vasculaire (tabagisme, HTA, poids, tour de taille, activité physique, bilan lipidique, diabète), les antécédents d’infarctus du myocarde, l’anxiété, la dépression, le niveau d’éducation ou encore la prise de somnifères/
sédatifs.
Trois questions simples.
Pour évaluer les difficultés d’endormissement, la question correspondante était : « Avez-vous rencontré des difficultés à vous endormir le mois dernier ? », avec les options de réponse jamais/ occasionnellement/souvent/ presque toutes les nuits. Les réveils étaient évalués par la question « Au cours du mois passé, vous êtes-vous réveillé trop tôt sans être capable de vous rendormir ? », avec les mêmes options de réponse. La troisième question sur la qualité de récupération était réservée, quant à elle, à la tranche d’âge 20-69 ans encore en activité « À quelle fréquence souffrez-vous d’un mauvais sommeil ? » avec les options de réponse jamais ou quelques fois dans l’année/ une à deux fois par mois/ environ une fois par semaine/ plus d’une fois par semaine.
Le stress des mauvaises nuits.
Un total de 1 412 cas d’IC ont été rapportés au cours des 11,3 années de suivi, d’après les données hospitalières et le registre national des décès. Le risque relatif était modérément modifié en présence d’un ou 2 symptômes (respectivement HR à 0,96 et 1,35) et « considérablement augmenté » (HR = 4,53) en présence des 3 symptômes. Pour les auteurs, ces données suggèrent que les troubles du sommeil peuvent être compensés jusqu’à un certain point avec, au final, un retentissement cardiaque limité. « Par exemple, des difficultés d’endormissement peuvent être compensées par un sommeil profond et continu. »
Les apnées mises à part.
De l’aveu des auteurs, l’étude pêche par le manque d’informations concernant le syndrome d’apnées du sommeil (SAOS), qui est un facteur de risque reconnu de maladie cardio-vasculaire. Même « si la somnolence diurne est le symptôme le plus caractéristique », les patients ayant un SAOS se plaignent souvent de difficultés d’endormissement et de réveils matinaux. Compte tenu de la faible prévalence du SAOS chez les insomniaques (aux alentours de 5 %), il paraît peu probable cependant que cela soit de nature à remettre en question l’association entre IC et insomnie. Concernant cette association, « il pourrait exister une cause biologique, et une explication possible est que l’insomnie active des réponses de stress aux conséquences négatives sur la fonction cardiaque ». Si tel était le cas, la prévention cardio-vasculaire pourrait passer par la promotion d’une hygiène du bien dormir et la réhabilitation d’un bon sommeil (thérapies psychocomportementales et/ou traitements médicamenteux).
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