On se rappellera longtemps en France de l'affaire Lévothyrox. Le changement de formulation, entrepris avec le souci de commercialiser un produit plus stable dans le temps n'a pas fait que des heureux/ses ! Avec le recul, on s'aperçoit que les effets indésirables rapportés paraissent avant tout liés à des déséquilibres thérapeutiques, « y compris lorsque les valeurs de TSH restent dans les normes biologiques ». Mais par suite d'une communication inefficace de la part du fabricant, mais surtout d'un déficit d'explication et de conseil de la part d'une majorité de soignants, un certain nombre d' « habitués/es » de cette molécule se sont sentis/es floués/es.
Cet exemple est à rattacher à de nombreuses situations au cours desquelles les patients ont le sentiment que leur plainte n'a pas été prise en compte : symptômes douloureux de toutes sortes, problèmes de sommeil, crises d'angoisse… Que de fois, nous, soignants, avons-nous entendu ces paroles : « Mais écoutez-moi ! » ou « Si vous saviez…, mettez-vous un peu à ma place ! ». Même si nous avons dépassé l'idée de jadis que la douleur serait soi-disant utile à la guérison, nous en restons, faute d'argument ou de patience, à ces formules passe-partout : « C'est normal ! » ou « Ca va se passer, ne vous inquiétez pas ».
Il est vrai que nos études ne nous avaient guère outillés pour affronter ces plaintes. Et pourtant combien de maîtres de stage ont entendu de la part de leurs étudiants le choix d'exercer en officine pour être en « contact avec les gens », sous-entendu d'être à l'écoute de ceux qui viendront se confier à eux. Alors comment soutenir ce désir si fort de s'intéresser à l'autre, avec évidemment toute la prudence et la délicatesse qui s'imposent ici ? Comment se fait-il que de nombreux professionnels de santé qui ont opté au départ pour rester au plus près des autres et « prendre soin » d'eux, se « blindent », s'esquivent ou ne supportent plus de se trouver sans réponse ?
À l'heure où certaines enquêtes tendent à démontrer que le pharmacien devrait devenir « un entrepreneur de la santé… avec un rôle de coordinateur (accompagnement de ses patients pour la prise en charge de rendez-vous avec divers professionnels de santé, ou pour différents aspects administratifs…) », moyennant rémunérations, n'aurait-il pas aussi intérêt à développer sa fibre relationnelle pour susciter tout le capital confiance tant attendu par ses patients ? Et cela avec toute la gratuité que ces derniers espèrent : être écouté en toute simplicité, sans aucune arrière-pensée mercantile de la part de celui qui écoute, et qui doit rester à sa place, sans vouloir tout analyser… Notre société ne recherche-t-elle pas des femmes et des hommes d'écoute qui viennent apaiser à leur façon les multiples tensions que les uns et les autres vivent ? Vœu pieux en ce début d'année, diront certains, mais qui permettrait de réduire le climat de violence de nos réseaux sociaux, quand nos concitoyens ne trouvent pas d'autre lieu pour exprimer leur désarroi ou leur ressentiment !
Cette disposition à porter attention à autrui va de pair avec une certaine dose d'humilité. Terme désuet pour certains, mais à ne pas confondre avec soumission ou résignation. C'est l'attitude dynamique qui permet d'accepter ses limites, d'abandonner toute volonté de tout maîtriser et de tout comprendre, et qui ouvre fondamentalement vers les autres. Elle est consentement à « prendre le risque de quitter sa zone de confort, pour rejoindre le patient afin de pouvoir l'écouter et lui servir d'appui » Cheminement incessant qui nous conduit vers une plus juste empathie avec l'autre, et la reconnaissance mutuelle de notre humanité.
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Françoise Amouroux
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