IL ARRIVE parfois qu’une étude incapable de répondre à son objectif initial fournisse, malgré cela, nombre d’informations. Il en va ainsi d’un travail japonais visant à évaluer l’efficacité d’une prévention médicamenteuse de la grippe A (H1N1), au sein de la cellule familiale. F. Odaira et coll. admettent ne pouvoir conclure à l’efficacité ou non du traitement. En revanche, ils apportent des éléments statistiques sur la diffusion du virus dans les familles.
Tout est parti d’une épidémie à Kôbe entre le 16 mai et le 5 juin derniers. Dans 97 foyers où un cas de grippe avait été identifié, 303 sujets contacts ont reçu (n = 122) ou non (n = 171) une prophylaxie antivirale par oseltamivir (75 mg/j) ou zanamivir (2 inhalations/j), pendant 7 à 10 jours. En outre, des mesures prophylactiques ont été mises en place pour les sujets contacts : confinement à la maison, évitement des contacts rapprochés avec le malade, masque en cas de suspicion de contamination. Un nouveau cas était suspecté sur une fièvre ≥ 38 °C ou deux symptômes au moins parmi : rhinorrhée ou obstruction nasale ; mal de gorge ; toux ; fièvre ≥ 37 °C.
Contamination dès les premiers symptômes.
À partir des 97 patients initiaux, 13 ont provoqué
14 contaminations. Une première notion apparaît ici. La littérature évalue la période d’incubation pour les sujets contacts à 1 à 7 jours (le plus souvent 1 à 4). Pour les Japonais, la survenue des symptômes s’est faite plutôt dans les 3 jours (de 1 à 5). Ce qui laisse à penser que la contamination a eu lieu dès les premiers symptômes du cas index.
Ensuite, le taux de contamination dans les foyers a été établi à 7,6 %. Ce chiffre, qui se rapproche de celui de la grippe saisonnière (de 5 à 15 %), est inférieur à celui de la littérature pour le virus A (H1N1), estimé à 22-33 %. Cette discordance pourrait s’expliquer par le poids des campagnes de sensibilisation qui insistent sur la prophylaxie (lavage des mains, masques, précautions au cours de la toux…).
Les contaminations se sont faites essentiellement aux dépens des enfants dans les foyers, touchant peu les parents. Peut-être les plus jeunes ont-ils été moins respectueux des mesures d’hygiène.
Reste l’objectif initial du travail : l’évaluation de la chimioprévention. La différence entre les contaminations avec ou sans antiviraux apparaît significative. Mais une analyse plus poussée montre, qu’en fait, les traitements ont été essentiellement pris par les plus âgés dans les familles. Dès lors, une stratification selon l’âge a été réalisée (plus ou moins de 20 ans) elle ne montre plus de différence, juste une absence de cas graves sous chimioprophylaxie. Ce constat explique l’impossibilité des auteurs de conclure. D’autant qu’en l’absence de contrôles virologiques, des contaminations à bas bruit ont pu passer inaperçues.
n° 35 3 septembre 2009.
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