« DES PREMIERS succès pour les maladies rares, des progrès pour tous », c’est ce que l’Association française contre les myopathies (AFM) a choisi de mettre en avant pour les 20 ans du Téléthon. Bond en avant de la génétique, de la thérapie génique, de la thérapie cellulaire, de la chirurgie du gène, ces axes de recherche n’auraient jamais connu l’essor de ces dernières années sans les maladies rares et le financement du Téléthon. Des résultats thérapeutiques sont déjà obtenus pour des enfants touchés par des déficits immunitaires, l’adrénoleucodystrophie ou encore la bêtathalassémie. Près d’une quarantaine de « bébés bulles » ont ainsi été traités en 11 ans. Dans les maladies rares, le recrutement est un frein difficile à lever. Pour cela, en 2009, pour la première fois, un essai de thérapie génique a été lancé simultanément dans trois centres à travers le monde dans le syndrome de Wiskott-Aldrich : à Paris, avec les Prs Marina Cavazzano-Calvo et Alain Fischer, à Londres, avec le Pr Adrian Thrascher et à Boston, avec le Pr David Williams.
36 essais cliniques.
Trois centres de recherche ont vu le jour, le Généthon, l’institut de Myologie et l’I-Stem du Pr Marc Peschanski pour la recherche sur les cellules souches, s’y ajoute le Genopole d’Évry, le premier « bioparc » français. Le Généthon a accéléré la description du génome humain, en rendant les premières cartes cinq ans avant les équipes américaines. Les gènes responsables de plusieurs centaines de maladies génétiques héréditaires ont été découverts et le séquençage en totalité s’est achevé en 2003. En 2011 est prévue l’ouverture de Généthon Bioprod en France, le plus gros centre de production de vecteurs de thérapie génique. Au total, près de 1 000 chercheurs dépendent du soutien de l’AFM.
Près de 36 essais cliniques en cours ou en préparation dans 30 maladies différentes sont soutenus par l’AFM. D’autres essais devraient démarrer dès 2011, comme dans l’amaurose de Leber et une maladie rare du foie, la maladie de Crigler-Najjar. L’AFM a fait le choix de développer l’innovation thérapeutique sur 3 axes : la thérapie génique, qui utilise un gène sain comme médicament ; la pharmaco-génétique ou chirurgie du gène, qui permet d’intervenir directement sur le gène pour le réparer, et la thérapie cellulaire, qui permet de reconstruire des organes lésés grâce à des cellules souches. « Il y a tout lieu de penser qu’une combinaison des trois soit le plus profitable », explique Laurence Tiennot-Herment, présidente de l’AFM.
Peau, foie, rétine et cœur.
Pour les cellules souches embryonnaires, « la FDA a autorisé Geron à réaliser le premier essai clinique en Californie », explique le Pr Marc Peschanski, directeur de recherche I-Stem. « Les feux sont au vert aux États-Unis, il y a des chances pour qu’ils le deviennent en France. » Trois essais cliniques sont en préparation à I-Stem : l’un dans l’infarctus du myocarde avec le Pr Philippe Ménasché, un second dans la chorée de Huntington, un troisième sur la peau avec les équipes de Nantes, de Trousseau et de Tenon. Ce dernier projet pourrait s’adresser à la fois aux grands brûlés et aux complications cutanées des drépanocytaires. De plus, « de l’amaurose de Leber à la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), comme de la chorée de Huntington à la maladie de Parkinson, il n’y a qu’un pas à franchir », fait remarquer le Pr Peschanski.
Le lancement d’essais cliniques en thérapie génique pose le problème de la production de lots de vecteurs. La réglementation impose des normes exigeantes de « qualité GMP ». L’ouverture en 2011 du Généthon Bioprod devrait faciliter les choses. « Ce sera le plus gros centre de production de lots de vecteurs dans le monde, explique Frédéric Révah, directeur général de Généthon. En fonctionnant à pleine capacité, il sera capable de produire 20 lots de vecteurs de thérapie génique par an, de quoi alimenter 2 ou 3 essais cliniques de phase I/II. » Comme l’explique le Pr Marina Cavazzano-Calvo, la dose de vecteurs à injecter varie selon le type de vecteur utilisé, l’organe à traiter (le foie nécessite des doses plus importantes que la rétine) et le poids du patient (un bébé versus un adulte). La tumorogénicité des vecteurs est une limite scientifique importante, dont les équipes ont l’obligation de s’affranchir au maximum en choisissant des vecteurs rendus inoffensifs et en s’armant de moyens capables de détruire les cellules proliférantes.
le Dr Nicolas Ferry (Nantes), Frédéric Révah (directeur général du Généthon),
le Pr Adrian Thrascher (Londres),
le Dr Marc Peschanski (I-Stem).
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