Les principaux produits
- La supplémentation vitamino-calcique :
Calcium : Cacit, Calcium Sandoz, Caltrate, Ostram, Densical, Orocal ;
Vitamine D : ergocalciférol – Stérogyl, Stérogyl 15H, Stérogyl 15A ;
Colécalciférol – Vitamine D3 BON ;
Calcifédiol - Dédrogyl ;
Calcium + vitamine D3 : Cacit vitamine D3, Densical vitamine D3, Calperos D3, Orocal D3…).
- Les bloqueurs de la résorption osseuse :
Bisphosphonates (alendronate – Fosamax, alendronate + vitamine D3 Adrovance et Fosavance, ibandronate – Bonviva, risédronate – Actonel, risédronate + calcium + vitamine D - Actonelcombi, zolédronate - Aclasta), inhibiteurs spécifiques du RANK ligand (dénosumab - Prolia), SERM ou modulateurs des récepteurs aux estrogènes (raloxifène – Evista et Optruma), calcitonine (Calsyn, Cibacalcine).
- Les stimulants de l’ostéoformation :
Tériparatide – Forsteo,
- Et les produits à action mixte :
Ranélate de strontium – Protélos.
Mécanismes d’action
Les bisphosphonates s’adsorbent sur les cristaux d’hydroxyapatite et inhibent l’activité des ostéoclastes (sans réduction de leur nombre) assurant la résorption osseuse.
Cependant, le mécanisme d’action exact de ces produits, dont l’effet ne s’exprime qu’avec un délai d’environ 48 heures (contrairement à la calcitonine), n’est pas encore totalement éclairci. Il n’est d’ailleurs pas exclu qu’il existe des différences d’une molécule à l’autre.
Si leur demi-vie plasmatique est courte (quelques heures), leur demi-vie osseuse est en revanche très longue, pouvant atteindre un an ; une caractéristique qui permet de diminuer le nombre de prises.
La vitamine D facilite le transport actif du calcium à travers la muqueuse intestinale.
Les SERM agissent sur l’os en modulant l’activité des récepteurs aux estrogènes à ce niveau. Les études ont montré que le raloxifène et les estrogènes ont des effets similaires sur le remodelage osseux et le métabolisme calcique.
Le tériparatide, qui correspond au fragment actif 1 - 34 de l’hormone parathyroïdienne (qui est une grande régulatrice du métabolisme phospho-calcique), augmente la croissance osseuse en stimulant directement les cellules à l’origine de la formation de l’os, c’est-à-dire les ostéoblastes. Il s’agit donc d’un agent ostéoformateur.
Le ranélate de strontium diminue la résorption et stimule la formation osseuse par un effet de découplage résorption/formation.
Quant au denosumab, premier inhibiteur spécifique du RANK ligand, il représente une avancée conceptuelle extrêmement intéressante en ce qu’il met à profit un mécanisme d’action totalement nouveau, exploitant le système RANK qui joue un rôle clé dans l’homéostasie osseuse, autrement dit l’équilibre entre l’activité des ostéoblastes (formation osseuse) et celle des ostéoclastes (résorption osseuse). En effet, le RANK ligand, secrété par les ostéoblastes induit la différenciation et l’activation des ostéoclastes à partir des précurseurs de ces derniers. RANK ligand dont la synthèse est augmentée par la baisse du taux d’estrogènes à la ménopause. Administrer un antagoniste de cette substance (physiologiquement représenté par l’ostéoprotégérine) entraîne donc une forte réduction de la destruction osseuse.
Dans quelles situations cliniques ?
Bien que l’incidence de l’ostéoporose postménopausique soit la plus élevée, il existe d’autres causes, notamment cortisonique ou effet indésirable de certains traitements anticancéreux. Il ne faut pas oublier non plus que l’ostéoporose frappe aussi le sexe masculin (son origine est en règle secondaire), car l’ostéoporose concerne 1 homme sur 5 après 50 ans ; chez eux, la mortalité après fracture du col du fémur est plus élevée que chez les femmes.
Indications
Bisphosphonates.
Aclasta : ostéoporose post-ménopausique, ostéoporose masculine et ostéoporose associée à une corticothérapie au long cours par voie générale.
Actonel : ostéoporose postménopausique et ostéoporose masculine.
Adrovance et Fosavance : traitement de l’ostéoporose postménopausique chez les patientes à risque d’insuffisance en vitamine D.
Bonviva : ostéoporose post-ménopausique.
Didronel : ostéoporose postménopausique, prévention de la perte osseuse chez les patients nécessitant une corticothérapie prolongée.
Fosamax : traitement de l’ostéoporose postménopausique et de l’ostéoporose masculine.
Prolia.
Ostéoporose postménopausique à risque élevé de fracture, perte osseuse associée au traitement hormonal du cancer de la prostate.
Protelos.
Ostéoporose postménopausique.
Evista.
Prévention et traitement de l’ostéoporose chez les femmes ménopausées.
Forsteo.
Ostéoporose féminine ou masculine à risque élevé de fracture.
Posologies recommandées et plans de prise
Quelques posologies chez l’adulte.
Calcium
Un apport quotidien moyen de 1 000 à 1 500 mg (1 500 mg/j chez la personne âgée) est recommandé ; en association à des apports suffisants en vitamine D. Il semble en effet douteux qu’utilisée isolément chez la femme ménopausée, une supplémentation uniquement calcique puisse exercer un effet antifracturaire significatif.
Vitamine D
L’apport conseillé journalier en vitamine D est de 400 à 800 UI chez les adultes et d’au moins 800 UI chez les sujets âgés. L’objectif étant d’atteindre une concentration sérique en 25 (OH) vitamine D d’au moins 30 ng/ml.
Les experts du GRIO (Groupe de Recherche et d’Information sur les Ostéoporoses) recommandent les posologies suivantes en fonction du taux initial de 25 (OH) vitamine D :
- Traitement d’attaque :
Moins de 10 ng/ml : 4 ampoules à 100 000 UI à 15 jours d’intervalle.
Entre 10 et 20 ng/ml : 3 ampoules à 100 000 UI à 15 jours d’intervalle.
Entre 20 et 30 ng/ml : 2 ampoules à 100 000 UI à 15 jours d’intervalle.
- Traitement d’entretien :
800 à 1 200 UI/j.
100 000 UI tous les 1 ou 2 mois.
200 000 UI tous les 2 ou 3 mois.
- Aclasta : perfusion de 5 mg une fois par an.
- Actonel : dans l’ostéoporose la posologie recommandée est de 1 comprimé à 35 mg une fois par semaine, le même jour de la semaine ou encore de 1 cp à 75 mg deux jours consécutifs par mois (les mêmes jours chaque mois). On peut aussi utiliser le dosage 5 mg, à raison d’un comprimé par jour.
- Adrovance (et Fosavance) : 1 comprimé une fois par semaine.
- Bonviva : 1 comprimé à 150 mg par mois, toujours à la même date ou une injection intraveineuse trimestrielle (3 mg).
- Prolia : 1 injection de 60 mg en sous-cutané (cuisse, abdomen, arrière du bras) tous les 6 mois.
- Didronel : dans l’ostéoporose postménopausique et la corticothérapie prolongée, le Didronel est administré par cycle de 3 mois : 1 comprimé à 400 mg pendant 14 jours, puis pendant les 2 mois et demi suivants apport de calcium à dose suffisante et éventuellement de vitamine D.
- Fosamax : 1 comprimé à 10 mg par jour ou 1 comprimé à 70 mg une fois par semaine.
- Evista : 1 comprimé par jour, à n’importe quel moment de la journée, avant, pendant ou après les repas.
- Protélos : 2 g par jour, à prendre le soir à distance des repas. La poudre doit être mise en suspension dans un verre d’eau et bue immédiatement.
- Forsteo : une injection de 20 microgrammes/j par voie sous-cutanée (cuisse ou abdomen). La durée maximale de traitement (non renouvelable) est de 24 mois.
Attention : l’alimentation, et tout spécialement les cations bivalents (calcium et magnésium), interfère avec l’absorption digestive des bisphosphonates. Cela explique que ceux-ci doivent être impérativement administrés à distance suffisante des prises alimentaires : 30 minutes à 1 heure avant le petit-déjeuner (moment recommandé) ou au moins 2 heures avant ou après un repas, ou encore d’une prise de médicaments (notamment de calcium) et de n’importe quel type de boissons hormis l’eau plate. Enfin, les comprimés doivent être ingérés au minimum 30 minutes avant le coucher.
En pratique :
- Les comprimés doivent être avalés entiers.
- En position assise ou debout, mais jamais allongée (risque d’ulcération oropharyngée).
- Avec un grand verre d’eau plate (par exemple du robinet) faiblement minéralisée en calcium et en magnésium.
- Ne pas s’allonger dans la demi-heure qui suit la prise.
Quelques cas particuliers
Grossesse et allaitement.
En raison de l’absence de données, les bisphosphonates ne doivent pas être administrés chez la femme enceinte ou qui allaite.
Le raloxifène ne doit pas être administré aux femmes en âge de procréer.
Personnes âgées.
Du seul point de vue de l’âge, il n’est pas nécessaire d’ajuster les posologies des bisphosphonates. Il convient néanmoins de tenir compte d’une éventuelle insuffisance rénale.
Insuffisance rénale.
Une adaptation posologique des bisphosphonates n’est pas nécessaire chez les sujets présentant une insuffisance rénale légère ou modérée ; en revanche ce doit être le cas lorsque la clairance à la créatinine s’abaisse à 30 ml/mn et en dessous.
Hypocalcémie.
Une éventuelle hypocalcémie doit être corrigée avant un traitement par bisphosphonate. D’autant plus impérativement que le produit est administré par voie intraveineuse.
Vigilance requise
Contre-indications absolues.
Bisphosphonates : hypocalcémie et insuffisance rénale sévère (clairance à la créatinine inférieure à 30 ml/mn).
L’allaitement n’est pas recommandé durant l’administration de calcitonine.
Tériparatide : insuffisance rénale sévère, hypercalcémie, élévation inexpliquée des phosphatases alcalines (risque de métastases osseuses d’un cancer), maladies métaboliques osseuses (en dehors bien entendu de l’ostéoporose), antécédents de radiothérapie du squelette.
Raloxifène : antécédents d’accidents thromboemboliques veineux, insuffisance rénale sévère, insuffisance hépatique (y compris la cholestase), saignement génital inexpliqué, existence d’un cancer de l’endomètre.
Ranélate de strontium : prudence en cas d’antécédents d’événements thromboemboliques veineux.
Les effets indésirables qui doivent alerter.
Les bisphosphonates sont globalement bien tolérés à posologie adéquate.
Par voie orale, ils peuvent entraîner l’apparition d’une constipation, d’une dyspepsie, de nausées et/ou de diarrhées. À forte posologie, il existe un risque d’hypocalcémie.
Prudence en cas d’administration conjointe d’un AINS en raison d’un risque additif au regard de l’irritation gastro-intestinale.
Administrés par voie injectable, surtout en début de traitement, ces médicaments sont susceptibles d’être à l’origine d’un syndrome pseudo-grippal avec une fièvre à 38 à 39 °C, des myalgies, des arthralgies et des céphalées. Pouvant se prolonger 24 à 48 heures, ce phénomène serait en rapport avec une libération d’interleukines 1 et 6 par les macrophages.
Le risque d’ostéonécrose des mâchoires est extrêmement faible aux doses utilisées dans l’ostéoporose.
La calcitonine peut induire des nausées/vomissements, particulièrement en début de traitement.
Le calcium peut être à l’origine d’une constipation, de nausées, voire de diarrhées.
Raloxifène : bouffées de chaleur, syndrome grippal, crampes dans les jambes, œdèmes périphériques.
Ranélate de strontium : nausées, diarrhées, éruption cutanée à type de rash (rare syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse ; l’arrêt des prises est alors impératif).
Interactions médicamenteuses.
Administrés par voie orale, les biphosphonates exposent, ou plutôt s’exposent, potentiellement à un certain nombre d’interactions. En effet, la prise simultanée d’autres médicaments contenant des cations polyvalents (calcium, magnésium, fer, aluminium) peut interférer avec l’absorption digestive du produit.
Le catabolisme de la vitamine D peut être accéléré par certains antiépileptiques, la cimétidine et les diurétiques thiazidiques.
Les sels de calcium diminuent l’absorption digestive des cyclines, des bisphosphonates et des sels de fer. Possibilité de troubles de rythme en cas d’association aux digitaliques.
Il convient (risque de diminution de la biodisponibilité) de respecter un délai d’au moins 2 heures entre la prise de ranélate de strontium et d’aliments ou de médicaments renfermant du calcium ou encore des sels d’aluminium ou de magnésium. Par précaution, il est conseillé de suspendre le traitement lors de la prise par voie orale de tétracycline ou de quinolones.
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