LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Quels sont les objectifs de l’enquête ASOS ?
AMÉLIE DAVELUY.- L’enquête ASOS (Antalgiques Stupéfiants et Ordonnances Sécurisées) est une enquête annuelle réalisée depuis 2001 par le réseau des Centres d’addictovigilance. Il s’agit de décrire la population traitée par antalgiques stupéfiants et les modalités de prescription des antalgiques, d’évaluer le respect des règles de prescription de ces médicaments et d’observer l’évolution des traitements par antalgiques stupéfiants. Pour cela, nous tirons au sort un échantillon de 1 500 pharmacies d’officine. En 2013, 211 pharmacies ont participé à l’enquête et 534 malades ont été inclus, ce qui représente en moyenne 2,5 malades par semaine et par pharmacie. Ce chiffre est en augmentation régulière depuis 2001.
Quels sont les antalgiques majoritairement prescrits ?
Les médicaments les plus prescrits sont respectivement le fentanyl, la morphine puis l’oxycodone. Les indications rhumatologiques sont, comme depuis 2009, majoritaires, suivies des indications cancérologiques et neurologiques. Pour le fentanyl, la forme patch est majoritairement utilisée dans les indications rhumatologiques et cancérologiques. Pour le fentanyl à durée d’action courte, même si la prescription hors AMM est encore très élevée (31 %), elle est tout de même moins fréquente qu’en 2012 (70 %).
Qu’en est-il des prescriptions en 2013 ?
Si les résultats des années précédentes montraient déjà de bons résultats en matière de prescription, cette dernière enquête montre un meilleur respect des règles de prescription des antalgiques stupéfiants, avec l’emploi quasi systématique des ordonnances sécurisées (96,6 % des ordonnances), un respect de la rédaction de la posologie en toutes lettres à 85,8 %, le remplissage du carré de sécurité effectif dans 85,5 % des cas et un espace étroit entre la dernière ligne de prescription et la signature du médecin respecté dans 73,9 % des cas.
Quelles sont les actions menées par les centres d’addictovigilance pour améliorer encore ces résultats ?
De nombreux médicaments psychotropes font l’objet d’une surveillance par le réseau des centres d’addictovigilance. L’évaluation de leur potentiel d’abus, de dépendance et de mésusage peut se traduire par leur inscription sur la liste des stupéfiants ou psychotropes, la réglementation des conditions de prescription et de délivrance, la détermination des doses d’exonération, etc. À titre d’exemple, à partir des travaux des centres d’addictovigilance, l’ANSM a récemment publié un point d’information sur l’état des lieux en 2013 de la consommation des benzodiazépines en France ou encore sur le fentanyl transmuqueux et la nécessité de bien respecter ses indications.
Par ailleurs, depuis 2013, le réseau des centres d’addictovigilance publie un bulletin national sur les actualités en addictovigilance.
Comment le pharmacien d’officine peut-il intervenir ?
Le pharmacien d’officine est au cœur du réseau de surveillance. Il doit être alerté par une demandede produits donnant lieu à un détournement (exemple récent du dextrométhorphane chez les jeunes), par une demande d’un grand nombre d’unités (exemple récent de la pseudo-éphédrine), par le nomadisme d’un patient, par une ordonnance suspecte de falsification ou de vol et signaler ces cas au centre d’addictovigilance dont il dépend. Il ne doit pas hésiter à contacter son centre référent pour une information sur un médicament, une substance psychoactive, un détournement de la voie d’administration, etc. Une enquête d’addictovigilance sur les ordonnances suspectes (enquête OSIAP : Ordonnances Suspectes, Indicateurs d’Abus Possible) est aussi réalisée tous les six mois auprès de pharmaciens d’officine (derniers résultats disponibles sur www.ansm.fr).
Et bien sûr, les pharmaciens qui seront tirés au sort au mois de juin prochain pour ASOS 2014 sont vivement encouragés à participer à cette enquête.
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