FAUT-IL RAPPELER que l’hépatite C est une maladie souvent silencieuse ce qui fait que 100 000 sujets atteints d’hépatite chronique n’avaient pas été diagnostiqués en 2004, si bien que l’on peut dire qu’un tiers des porteurs d’hépatite C ignorent leur maladie. Une ignorance grave puisque que, après 20 à 30 ans d’évolution, 10 à 15 % des patients progressent vers une cirrhose, 7 % des cirrhotiques développent ensuite un cancer du foie.
Une évolution qui est donc plus que préoccupante mais que l’on peut aujourd’hui espérer arrêter.
Le Pr Patrick Marcellin (hôpital Beaujon, Paris) rappelle en effet que depuis 25 ans, des progrès considérables ont été accomplis dans la prise en charge des patients. « En 1989, quand on a découvert le virus, on ne pouvait espérer guère plus de 5 % de guérisons. Au cours des dernières années, grâce à l’interféron et à la ribavirine on a dépassé les 70 %. Dès 2015 on peut espérer approcher les 100 % grâce à l’arrivée de nouveaux antiviraux (inhibiteurs de polymérase ou de protéase) qui permettent de rendre les patients indétectables dans plus de 90 % des cas, ces molécules ayant également l’intérêt d’agir sur les différents génotypes de virus », souligne le Pr Raymond Schinazi (États-Unis), l’un des spécialistes qui a le plus contribué à la découverte de ces nouvelles molécules. En outre, ces médicaments sont bien tolérés et peuvent, dans la majorité des cas, être utilisés sans interféron qui pose les problèmes de tolérance que l’on sait. Ajoutons à cela que ces molécules n’engendrent pas de résistances. On semble donc avoir découvert l’arme absolue qui permettrait d’espérer l’éradication même de la maladie.
Déjà , cette année, deux nouvelles molécules devraient obtenir l’AMM, le sofosbuvir, inhibiteur nucléotidique de la polymérase NS5B, et le siméprévir, inhibiteur de deuxième génération de la protéase NS3/4A du VHC. Il reste certes à affiner les protocoles en tenant en compte notamment l’état clinique (patient naïf, prétraité, cirrhotique ou non…). Mais les experts présents espèrent parvenir à des recommandations claires en 2015 ou au plus tard en 2016.
Élargir le dépistage
Pour faire bénéficier les patients de cette révolution thérapeutique, il faut améliorer le dépistage même si, comme tient à le souligner le Pr Dhumeaux (hôpital Henri Mondor, Créteil), la France a été très active dans
ce domaine, apparaissant même comme un pionnier en Europe (pôles de référence, conférence de consensus, système de surveillance épidémiologique). Néanmoins, les règles de dépistage ciblant une dizaine de facteurs de risque correspondant à une exposition au sang connaît des limites sérieuses puisque beaucoup des patients qui répondent à ces critères ne sont pas dépistés. Raison pour laquelle les spécialistes attendent beaucoup du rapport commandé par Marisol Touraine et qui, sous la présidence du Pr Dhumeaux, devrait émettre des recommandations pour la prise en charge des hépatites B et C. Bien sûr, nombre de ces experts espèrent un dépistage systématique à un moment donné de la vie.
Une mesure qui est déjà préconisée aux États-Unis depuis 2012 pour les patients nés entre 1945 et 1965. Une fois réglé le problème du dépistage, il reste celui de l’accès aux soins dans les pays développés car ces traitements sont chers même s’ils sont limités dans le temps (de 3 à 6 mois).
Disparités économiques
Cet obstacle pourrait être surmonté en faisant valoir que les guérisons obtenues permettraient de faire l’économie, dans tous les sens du terme, des complications graves de l’hépatite chronique. Le problème sera beaucoup plus difficile dans les pays pauvres où réside l’immense majorité des quelques 170 millions d’individus infectés par le VHC dans le monde. Espérons que des programmes d’aide seront mis en place à l’image de ce que l’on a vécu pour le VIH, si possible plus rapidement et plus complètement.
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