POUR LES PHOTOTYPES les plus clairs, inutile d’envisager des conditions d’ensoleillement extrêmes pour commencer à bien se protéger. Ces peaux, immédiatement vulnérables face aux morsures de l’astre, sont en situation d’insécurité dès qu’elles s’exposent. Les phototypes plus foncés, pour leur part, sont naturellement mieux protégés à court terme des effets du soleil mais en aucun cas ils ne sauraient se soustraire aux conséquences d’une exposition répétée aux ultra-violets des années durant.
« Soumise aux rayonnements UV, la peau se défend en déclenchant un mécanisme de protection qui passe par une stimulation des mélanocytes pour aboutir à la production de mélanine », explique le docteur Toni Ionesco, dermatologue à Paris. C’est le bronzage, un phénomène familier qui, cependant, n’apparaît pas sans que se produisent des cassures au niveau de l’ADN. « Ces petits traumatismes que subissent les noyaux des cellules sont tout de suite guéris mais, à long terme, les systèmes de réparation s’affaiblissent et peuvent devenir inefficaces, favorisant l’apparition de kératoses actiniques et de cancers cutanés (carcinomes, mélanomes). » L’effet immunosuppresseur des ultra-violets (A et B) est une autre problématique dont les effets se traduisent après chaque exposition.
Face à l’agression que représente le rayonnement solaire, les cellules de Langerhans, sentinelles chargées de combattre les intrus du tissu cutané, se mettent à migrer vers le derme ce qui a pour conséquence d’affaiblir une partie du dispositif immunitaire de l’épiderme. Là ne s’arrête pas le cortège des dégâts cutanés que peut provoquer le soleil dont l’action de destruction des fibres de collagène et d’élastine est bien sûr une des principales causes du vieillissement de la peau et de la formation des rides. « Le seul avantage lié à l’exposition solaire est la synthèse de vitamine D que déclenche le rayonnement UV sur la peau. Cependant, il suffit de laisser ses mains et son visage au soleil pendant cinq minutes chaque semaine pour synthétiser la quantité de vitamine nécessaire au corps. Au lieu de se soucier de déficiences en vitamine D, on ferait mieux d’éviter le soleil afin de prévenir le risque de cancers de la peau. » C’est un des objectifs que vise la formulation des photoprotecteurs externes (PPE) parmi lesquels on distingue deux grandes familles d’actifs : les écrans minéraux à base de dioxyde de titane et d’oxyde de zinc qui réfléchissent et diffractent le rayonnement ; les filtres chimiques (Tinosorb M et S, Méxoryl XL à large spectre) qui absorbent les radiations UVA et UVB. « Ces deux types de formules ont des propriétés protectrices reconnues mais on conseille l’utilisation d’écrans minéraux – à éviter sur peaux lésées - aux enfants et aux sujets allergiques aux filtres chimiques dont les molécules, de très petite taille, peuvent pénétrer la peau. »
La bonne dose
Le protocole d’application des crèmes solaires, choisies dans les indices de protection les plus élevés, a un grand rôle à jouer dans l’efficacité des photoprotecteurs.
Dans des conditions d’ensoleillement maximales, il est recommandé aux phototypes 1 et 2 (blond, châtain, roux à peau claire et/ou tâches de rousseur) d’utiliser un écran SPF 50+ là où les peaux mates (châtain foncé, brun) peuvent se contenter d’un indice SPF30.
Attention aux peaux noires et métissées qui ne sont pas dispensées de photoprotection (SPF 30) sous peine de voir apparaître rides et tâches brunes. L’application de la crème doit s’effectuer toutes les deux heures - mais aussi après chaque bain ou si l’on s’est essuyé – et dans des quantités suffisantes. On dose la crème à appliquer en unité phalangette sachant qu’il faut compter deux phalangettes de produit pour assurer la protection du visage et du cou et une quantité un peu plus grande pour le buste. « Pour protéger le corps entier, il faudrait théoriquement prévoir l’équivalent en crème d’une balle de golf », précise le docteur Ionesco.
D’une façon générale, la composition des produits de protection solaire a beaucoup évolué au fil des ans. « On est passé des formulations à base de filtres minéraux très blancs et pâteux des années 1960 aux filtres UV avec des galéniques de plus en plus transparentes présentant une amélioration évidente de leur stabilité à l’eau, aux UV et à la chaleur. » Étudiées pour faciliter et encourager leur application, ces crèmes peuvent adopter des présentations spécialement vouées à un fort ensoleillement ou aux sujets intolérants aux rayonnements. Parmi elles, on trouve des formules destinées à la haute protection des lésions (cicatrices post-chirurgicales, laser, acné…) et des peaux très sensibles (Bariésun XP SPF50+ d’Uriage, Cleanance Solaire SPF50+ chez Avène, Photoderm Laser SPF 50+ chez Bioderma, Roc Soleil Protect Lait haute tolérance SPF 50+), à la protection des zones sensibles (Avène Stick large zones sensibles SPF50+, Photoderm Stick chez Bioderma, Anthélios XL Stick zones sensibles SPF 50+ de La Roche-Posay, Bariésun Stick SPF 50+ d’Uriage) mais aussi des formules spécifiques pour les enfants (Bariésun Minéral chez Uriage, Spray enfant SPF 50+ chez Avène, Anthélios Dermo-pediatrics SPF 50+ Enfants et Lait Bébé – exposition indirecte au soleil dès l’âge de 6 mois, Mustela Spray solaire très haute protection SPF 50+ bébé enfants chez Expanscience, Noresun crème minérale SPF50 de Noreva) ou vouées aux peaux sujettes aux allergies solaires (Photoderm LEB de Bioderma).
Le recours aux photoprotecteurs n’exclut cependant pas de respecter les autres mesures de prévention face au soleil comme le port de vêtements, l’adoption de comportements adaptés (éviter les expositions prolongées et les heures d’ensoleillement les plus fortes entre 12 heures et 17 heures) et la protection des enfants face aux UV (pas d’exposition en dessous d’un an).
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