Quelques définitions
Les tendons représentent l’extrémité fibreuse du muscle par laquelle celui-ci s’insère sur un os. Leur forme est variable et leur aspect est lié à l’action spécifique du muscle dont ils dépendent : les muscles travaillant en puissance ont des tendons courts et solides ; les muscles destinés à des mouvements fins ont des tendons longs et frêles. La synoviale est une bourse séreuse qui enveloppe le tendon et son rôle est de faciliter son glissement. Les tendinites sont dues à l’inflammation du tendon d’un muscle trop sollicité par un effort durable ou répété, et la ténosynovite correspond à l’inflammation du tendon et de sa gaine synoviale. La bursite ou hygroma traduit l’inflammation d’une bourse séreuse.
Un peu de physiopathologie
Le coude met en présence trois os et cette articulation est unie par une capsule articulaire renforcée par un ligament interne et externe. L’épicondyle est le prolongement de l’extrémité inférieure de l’humérus, et chez les sportifs, il est souvent le siège d’une inflammation d’origine mécanique appelée l’épicondylite.
L’articulation du genou est encadrée par de puissants ligaments latéraux et des ligaments croisés antérieurs et postérieurs. Les lésions traumatiques du genou sont fréquentes et celles des ligaments sont regroupées sous le terme d’entorse. Tous les cas intermédiaires se rencontrent de la simple distorsion à la rupture.
Au niveau de la cheville, le tibia et le péroné s’articulent sur le calcanéum et l’astragale. Le tendon d’Achille est le plus volumineux des tendons de l’organisme et c’est grâce à lui que les muscles du mollet s’insèrent sur le calcanéum. L’entorse de la cheville est un terme générique qui regroupe diverses atteintes capsuloligamentaires de localisation et d’intensité variables.
Les mots du conseil
Comment se développe une tendinopathie ?
Deux mécanismes expliquent son évolution : la répétition exagérée des gestes aboutit à une hypersollicitation qui dépasse progressivement les capacités de résistance du tissu tendineux. D’autre part, le frottement anormal contre une surface osseuse est responsable d’une abrasion du tendon qui peut conduire à sa fissuration ou à sa rupture.
Existe-t-il plusieurs types de lésions ?
Les tendons peuvent subir toutes sortes de lésions : atteinte de la jonction os périoste, microfracture, micro-arrachement, microrupture avec formation secondaire de nodules ou de calcification. Les tendinoses sont des lésions dégénératives du corps du tendon d’origine purement mécanique. La prise en charge doit tenir compte de la localisation et de la forme de l’affection. Chez le sportif, la localisation de l’atteinte est spécifique de l’activité pratiquée.
Quels sont leurs symptômes distinctifs ?
Les tendinopathies calcanéennes ont le plus souvent un aspect nodulaire sous la forme d’une petite tuméfaction située à 5 ou 6 cm au-dessus de l’insertion calcanéenne. Les péritendinites se présentent sous l’aspect d’un tendon épais, la douleur est réveillée par la pression. Les tendinopathies d’insertion peuvent être asymptomatiques ou se traduire par une tuméfaction locale.
Comment se manifeste la douleur ?
La douleur est le premier signe clinique et le plus constant de la pathologie. Les tendons touchés sont douloureux à la mobilisation et à la palpation. Une tuméfaction de leurs gaines peut être visible en raison d’un épanchement et d’une inflammation. Dans les cas les plus typiques de tendinites ou de tendinopathies ligamentaires d’insertion, la douleur se manifeste en quelques jours ou heures, elle est déclenchée puis entretenue par un mouvement pathogène répété et elle cesse lors des périodes d’arrêt du travail ou du sport en cause. Les douleurs des tendinites aiguës se manifestent plutôt à froid et s’atténuent à l’échauffement, alors qu’en se chronicisant, les tendinites déclenchent une douleur à chaque mouvement.
Quelles en sont les conséquences ?
Certains mouvements sont limités, voire impossibles à réaliser. Le malade modifie sa technique pour épargner la zone affectée (gêne d’évitement), ce qui peut entraîner des douleurs à distance. Il faut explorer les troubles de la sensibilité liés à des compressions nerveuses et les troubles moteurs liés à une atteinte nerveuse et pouvant évoluer jusqu’à l’amyotrophie.
Comment expliquer la fréquence croissante des tendinopathies ?
Elles surviennent le plus souvent chez l’adulte d’âge moyen. Les causes suspectées sont une diminution de la vascularisation des tendons avec l’âge et les microtraumatismes répétés (sportifs et professionnels). La tendinite peut également s’intégrer dans le cadre d’une maladie rhumatismale. La tendinopathie calcanéenne (tendon d’Achille) est la plus fréquente du fait de l’engouement croissant pour certaines activités comme le jogging.
Comment savoir s’il y a rupture du tendon ?
Un gonflement de la région achilléenne d’installation progressive (quelques heures) dans les suites d’un mouvement de flexion plantaire brutale, de saut ou de course à pied, doit faire systématiquement suspecter une rupture du tendon. Le patient est incapable de marcher sur la pointe des pieds et l’impossibilité de l’appui monopodal est très significatif. Une échographie confirme la rupture. Le pharmacien doit aussi évoquer des causes iatrogènes (statines, quinolones).
Qu’est-ce qu’un « tennis elbow » ?
Il s’agit d’une épicondylite latérale localisée à la face externe du coude, la douleur irradie souvent vers l’avant-bras ou la main, et l’extension du poignet et des doigts devient difficile. La pathologie n’est pas uniquement liée à la pratique sportive.
Quelle orthèse choisir pour le soulager ?
Trois types d’orthèses sont disponibles. La coudière réalise un manchon qui stabilise l’articulation sans abolir le mouvement, un insert de silicone au niveau de l’épicondyle agit comme un masseur, un amortisseur de vibrations et un réducteur d’inflammation. Le bandage antiépicondyle est un bracelet réglable disposé au tiers supérieur de l’avant-bras et il confère un effet antivibratoire. L’attelle évolutive peut s’allonger et se raccourcir pour assurer une compression des muscles de l’avant-bras et/ou mettre au repos les extenseurs.
Qu’appelle-t-on troubles musculosquelettiques (TMS) ?
Ces troubles regroupent des affections périarticulaires touchant les tissus mous (muscles, tendons, cartilages, nerfs et vaisseaux sanguins) des membres et du dos, sous forme de tendinites, ténosynovites, bursites ou hygroma. Le membre supérieur est le plus concerné avec des lésions de l’épaule, du coude, du poignet et de la main (la frappe sur clavier et la manipulation de la souris sont sources de divers TMS). La prévalence des TMS d’origine professionnelle est en nette augmentation.
Les produits conseils
Tout patient douloureux doit être soulagé au plus vite pour éviter le passage à la chronicité qui échappe aux traitements classiques et nécessite une prise en charge multidisciplinaire complexe.
Quel est le traitement de base ?
La mise au repos de l’articulation atteinte s’impose. En complément, des applications de chaud et de froid auront une action antalgique et/ou myorelaxante. Le glaçage est inutile, le traitement est avant tout conservateur et il fait appel à la rééducation associée à des moyens physiques et pharmacologiques. La douleur est soulagée par des antalgiques et des anti-inflammatoires (paracétamol, AINS) par voie orale ou locale, et des injections de corticoïdes locaux pour les formes hyperalgiques. Les infiltrations intratendineuses sont formellement contre-indiquées, sauf cas exceptionnel.
Comment se fait la rééducation ?
La prise en charge est longue et se fait en milieu spécialisé. Le traitement rééducatif repose sur des massages transverses profonds, des étirements par postures manuelles et en charges, et des exercices de musculation. On peut associer des traitements physiques (ultrasons, laser CO2, ondes de choc, ionisation).
Les massages avec des huiles essentielles (HE) sont-ils efficaces ?
L’aromathérapie est très efficace en application locale dans les traumatismes sportifs. Pour un effet anti-inflammatoire, on conseille l’HE de gaulthérie couchée qui contient du salicylate de méthyle, l’HE d’hélichryse italienne à visée désinfiltrante, et l’HE d’eucalyptus citronné. Riche en menthol, l’HE de menthe poivrée provoque une sensation de froid et donc un effet anesthésiant et antalgique. Ces huiles s’appliquent diluées dans une huile végétale.
Quel est le rôle de la diététique ?
Les facteurs nutritionnels ont une grande part de responsabilité dans la modification de la structure des tendons. Une mauvaise hydratation les rend moins résistants en favorisant l’assèchement du tissu tendineux, et un excès de protéines produit une hypertrophie musculaire difficile à supporter par les tendons, qui eux n’ont pas augmenté de volume. Un abus d’aliments à forte teneur en acide urique fragilise les tendons par dépôt des bases puriques.
Comment envisager la reprise des activités physiques ?
Elle doit être progressive avec correction des gestes et des postures favorisants, et elle doit être précédée d’échauffements. Le pharmacien doit mettre en garde le patient contre les risques de récidives et conseiller le port d’une orthèse stabilisatrice dans la phase de réadaptation. Une contention légère de la zone douloureuse à l’aide d’une bande adhésive permet de limiter l’élongation du tendon douloureux lors des mouvements. Le port de talonnette permet de surélever le pied et assure le drainage de l’œdème.
Quel est l’intérêt d’un strapping ?
Le strapping est un bandage de l’articulation par assemblage de bandes autocollantes visant à limiter les mouvements. Il apporte un soulagement de la douleur et une stabilité de l’articulation en attendant la cicatrisation. Il participe aussi à la résorption de l’œdème et de l’ecchymose.
Comment le réaliser ?
Les strappings sont posés et renouvelés toutes les 48 heures par le médecin ou le kinésithérapeute. Le montage est réalisé à partir de points d’ancrage et la mise en tension des bandes dépend de la contention souhaitée. Un strapping au-dessus du genou soulage les tendinites du quadriceps alors que posé au-dessus et au-dessous du genou, il soulage la tendinite du tendon rotulien.
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