Comme le souligne le Pr Bernard Cortet (Lille), président du GRIO (groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses), seulement 15 % des femmes concernées sont traitées et ce chiffre correspond à une diminution considérable : -25 % entre 2012 et 2015 (et -8 % entre 2015 et 2016). Cela va de pair avec la baisse annuelle des ostéodensitométries (-6,4 %). Avec pour corollaire une augmentation sensible du nombre de fractures du col du fémur chez les plus de 60 ans et, singulièrement, chez les plus de 84 ans : or, près du quart des patients décèdent pendant l’année suivante.
Des chiffres qui peinent à convaincre des patientes qui considèrent l’ostéoporose comme une manifestation « naturelle » du vieillissement, et qui ne font pas le lien entre ostéoporose et fractures, les conséquences de ces dernières étant largement sous-estimées. À cela s’ajoutent la mise en place chaotique du remboursement de l’ostéodensitométrie et des doutes sur l’efficacité et la tolérance des traitements médicamenteux.
Priorité aux femmes à risque élevé de fracture
Très clairement, la priorité doit être donnée au dépistage et au traitement des femmes à risque élevé de fracture, en particulier quand elles sont à risque de récidives. En cas de fractures non sévères (poignet, cheville, côte…), le traitement est recommandé si le T-score est inférieur à -2 et l’avis d’un spécialiste est souhaitable s’il est compris entre -1 et -2. Ce qui signifie que l’ostéodensitométrie est nécessaire avant toute décision thérapeutique.
Stratégies thérapeutiques
Le Pr Cortet insiste sur l’efficacité des médicaments anti-ostéoporotiques pour prévenir le risque de fragilité, et sur la tolérance satisfaisante dans ces populations. Le clinicien dispose de plusieurs options pour les fractures sévères non vertébrales (alendronate, denosumab, risedronate, acide zoledroxique), choix qui peut être élargi en cas de fracture sévère vertébrale (ralovifine, teriparatide, THM). Le choix reposant sur l’évaluation de l’efficacité dans tel ou tel type de fracture, des contre-indications et contraintes particulières de chacun des traitements. En sachant qu’il faut d’emblée penser aux séquences et à leurs vocations et que surtout, la prescription médicamenteuse ne résume pas la prise en charge : la prévention des chutes et des apports vitaminocalciques suffisants étant essentiels (1 000 à 1 200 mg/j chez les femmes ménopausées de plus de 50 ans, en privilégiant les apports alimentaires, taux optimal de 250 ≥ 30 mg/ml). Mais le plus important, conclut le Pr Bernard Cortet, est d’informer le patient et de le conduire à s’approprier la décision thérapeutique.
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