Le Laboratoire Aspen a-t-il enfreint les règles de concurrence de l'Union Européenne en facturant des prix excessifs pour cinq médicaments anticancéreux ? C’est à cette question que va tenter de répondre l’enquête que vient d'ouvrir la Commission européenne. Cette enquête porte sur les tarifs des médicaments à base de 5 principes actifs : chlorambucil, melphalan, mercaptopurine, tioguanine et busulfan, commercialisés par Aspen. « Ces médicaments sauvent des vies et sont irremplaçables dans le traitement de certaines formes de cancer (par exemple la leucémie, le lymphome non hodgkinien, le myélome multiple), en particulier chez les jeunes enfants et les personnes âgées », écrivait fin 2016 le Bureau européen des consommateurs dans une lettre à la Commission. Ces médicaments ont été acquis par Aspen après l'expiration de leurs brevets, et aucun générique n'est commercialisé.
Plus de 1 000 % d'augmentation
Or il semblerait qu’Aspen aurait profité de sa position dominante pour imposer des hausses de prix dans certains états membres de l’Union Européenne, atteignant plusieurs centaines de pourcents du prix initial. Par exemple, le melphalan (traitement du cancer du sein) a vu son prix passer en 2013 de 5,80 euros à 95,10 euros en Italie… soit une hausse de 1 500 % ! Idem pour le busulfan (traitement de la leucémie), dont le prix a augmenté en 2014 de 1 200 % en Angleterre et au Royaume Uni, et de 2 100 % en Italie. « La Commission enquêtera sur ces informations de hausses de prix excessives et injustifiées », précise Margrethe Vestager, en ajoutant que « la société aurait, par exemple, menacé de retirer du marché les médicaments en question dans certains États membres afin d'imposer ces hausses de prix et aurait même mis sa menace à exécution dans certains cas ». Pour Monique Goyens, directrice générale du Bureau européen des consommateurs, le procédé est honteux. « Les consommateurs comptent sur les entreprises pharmaceutiques pour se soigner et dans de nombreux cas sauver leurs vies. Les grands groupes pharmaceutiques ne devraient pas abuser de cette dépendance, mais c'est exactement ce qu'ils semblent faire avec leur politique de prix », souligne-t-elle.
Sanction italienne
L'enquête concerne l'ensemble de l'Union Européenne, à l'exception de l'Italie, qui a déjà constaté une infraction et imposé le 14 octobre 2016 à Aspen une amende de 5 millions d'euros. Le groupe Aspen Pharma a réagi et affirme « prendre très au sérieux le respect des lois sur la concurrence et travaillera de manière constructive avec la Commission ».
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