À la suite de la mise sur le marché en mars 2017 de la nouvelle formule censée remplacer l'ancienne, de nombreux patients ont rapporté des évènements indésirables. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) affirme pourtant que les deux formules sont bioéquivalentes.
« La ligne directrice européenne à laquelle se conforment les industriels a été conçue pour mettre sur le marché des génériques. Or, avec le Lévothyrox, il s'agit d'un problème de substitution, puisqu'une nouvelle formulation a été imposée à plus de 2,5 millions de personnes », indique au « Quotidien » Pierre-Louis Toutain (université de Londres), co-auteur de la publication.
Pour démontrer la bioéquivalence entre les deux formules, l'ANSM s'est appuyée sur la bioéquivalence moyenne, et non sur la bioéquivalence individuelle qui permet de garantir la bioéquivalence entre deux formules pour tous les patients. « L'outil scientifique qui permet de documenter une substitution ne peut pas être la bioéquivalence moyenne, surtout pour un médicament à marge thérapeutique étroite, estime Pierre-Louis Toutain. L'ANSM a peut-être manqué de prudence. Il aurait fallu aller plus loin et documenter la bioéquivalence individuelle. »
L'équipe franco-britannique a procédé à une réinterprétation des données de bioéquivalence mises en ligne par l'ANSM. « L'ANSM n'a pas donné de version électronique des données, nous avons dû saisir les données et procéder à des contrôles », raconte Pierre-Louis Toutain.
Pas de bioéquivalence pour plus de 50 % des sujets
Au total, 204 sujets sains ont été inclus pour étudier la bioéquivalence moyenne. Des dosages de la thyroxine ont été réalisés après administration de l'ancienne et de la nouvelle formule. Le nouveau calcul réalisé montre que plus de 50 % des sujets ne sont pas dans l'intervalle d'équivalence.
Si cette nouvelle publication apporte un nouvel éclairage à la polémique sur le Lévothyrox, elle ne permet pas d'affirmer que cette non-équivalence est la cause des potentiels effets secondaires rapportés par plus de 30 000 patients.
« C'est une petite bouteille à la mer que nous lançons, mais notre objectif est d'apporter des solutions, notamment avec les autorités, et non de mettre de l'huile sur le feu, souligne Pierre-Louis Toutain. Aujourd'hui, nous ne sommes pas certain du caractère substituable du Lévothyrox. »
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