Questions sur ordonnance

M. Lucien J., 52 ans

Publié le 05/11/2012

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Depuis trois jours, M. J., sportif, actif, en bonne santé jusqu’alors, souffre d’une névralgie du trijumeau à l’origine d’un véritable calvaire. Il présente deux à trois crises chaque jour, d’une fulgurance extrême : la douleur, discontinue, unilatérale, irradie l’aile du nez et la joue en partant de la lèvre supérieure. Il la décrit comme une « électrocution » par des salves paroxystiques durant plusieurs minutes : il ne peut alors plus parler et son visage se tord de douleur. Sa femme, visiblement marquée par ce que vit son mari, vient chercher le traitement tout juste prescrit par un neurologue.

Quels sont les principes actifs ?

Le traitement d’une crise d’algie vasculaire de la face repose sur l’injection de sumatriptan (Imiject, réglementation des médicaments d’exception). Il s’administre par voie sous-cutanée, sans excéder deux injections/jour (mais certains patients peuvent faire jusqu’à 8 crises quotidiennes !). Une alternative parfois efficace demeure l’inhalation d’oxygène pur à raison de 10 litres à 15 l/min pendant dix à quinze minutes : la douleur est alors arrêtée en moins de 15 minutes.

La carbamazépine constitue un traitement de fond de l’algie vasculaire, comme d’autres douleurs neuropathiques, dont l’efficacité est reconnue.

Y a-t-il des insuffisances et des interactions ?

M. J. est traité par ailleurs par un anti-vitamine K et par de la digoxine. Il en a informé le neurologue qui a donc prescrit un contrôle de l’INR à pratiquer le lendemain de la première prise de carbamazépine, puissant inducteur enzymatique, puis trois jours plus tard. Toute anomalie doit être signalée au médecin traitant sans délai, de façon à équilibrer le traitement anticoagulant. Il y a également un risque d’interaction avec la digoxine (augmentation de la carbazépinémie et réduction de la digoxinémie).

Et les posologies ?

Elles sont correctes. La dose de carbamazépine excède celle prévue par l’AMM dans le traitement des douleurs neuropathiques, mais reste compatible avec d’autres indications de ce produit. Cette dose sera de toute façon progressivement réduite, le traitement finissant par être arrêté – sauf reprise des crises, ce qui n’est pas exceptionnel.

Votre conseil

Face à cette pathologie spécifique, le conseil demeure réduit, et ce d’autant plus que l’algie vasculaire est ici « essentielle », i.e. sans cause connue. En revanche, il faut expliquer au patient le mode d’emploi de l’injecteur automatique, en rappelant que ce médicament ne doit pas être utilisé en prophylaxie. Le pharmacien peut aussi rassurer Mme J. : il est normal de pratiquer une surveillance hématologique et hépatique avant, puis pendant, un traitement par carbamazépine.