Jo Cameron est une heureuse septuagénaire écossaise. Retraitée de l'enseignement, elle vit paisiblement depuis plus de 70 ans sans avoir jamais ressenti la moindre douleur. Elle ne perçoit rien quand elle se blesse, rien quand elle subit une opération chirurgicale, et lorsqu'elle se brûle, c’est l’odeur de chair grillée qui l’alerte ! Cette insensibilité à la douleur est rare, mais pas exceptionnelle. Elle est habituellement liée à une mutation génétique connue qui affecte le gène SCN9A. Mais en l'occurrence, et pour la première fois, des spécialistes en génétique de la douleur à l’Université d’Oxford et à l’University College de Londres ont identifié une mutation génétique de deux autres gènes : FAAH et FAAH-OUT. Leur découverte a été publiée ce 29 mars dans le « British Journal of Anaesthesia ».
Parmi les récepteurs de surface des neurones, on trouve l’anandamide, un lipide qui a pour rôle de réduire la douleur et de procurer un état de félicité quasi extatique. Heureusement, le gène FAAH produit une enzyme qui dégrade l’anandamide ; c’est la raison pour laquelle nous avons mal. Chez Jo Cameron, l’anandamide n’est pas dégradé car son gène FAAH a subi une microdélétion qui le désactive partiellement. Mais ce n'est pas tout. Car, au-delà de son anesthésie corporelle, Jo Cameron ne ressent aucun des maux existentiels dont souffrent ses congénères : ni anxiété, ni peur, ni dépression. Elle se dit très heureuse et se montre d’un optimisme inébranlable. De quoi donner des idées aux chercheurs armés de CRISPR, le ciseau d’édition génétique capable de faire très simplement du copier-coller avec nos gènes. Les fantasmes de quelque généticien parviendront-ils au remède absolu de la douleur, de la peine et de la peur, d’un coup de ciseau CRISPR ? L'idée fait frémir. En tout cas, Jo Cameron ne l'espère pas, elle qui avoue regretter ne jamais ressentir cette « montée d’adrénaline » liée à la peur, dont elle a tant entendu parler. « On ne peut avoir de plaisir sans connaître la douleur ; ce sont deux ennemis, et l'on ne peut pourtant avoir l'un sans l'autre », disait le sage Platon…
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