Insolite

Mieux vaut se blesser le jour

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Publié le 11/08/2020
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La chronobiologie n'en finit pas de bouleverser nos connaissances en physiopathologie. Si la discipline est connue depuis longtemps pour éclairer les rythmes de la sécrétion du cortisol, elle est désormais un nouveau paramètre à prendre en compte pour certains actes médicaux. 

Ainsi, une récente étude menée par une équipe française et parue dans « The Lancet » montre déjà que le risque de développer de graves complications après une opération du cœur est deux fois moins élevé quand la chirurgie a lieu l'après-midi plutôt que le matin. Une autre étude, cette fois-ci menée par des chercheurs du laboratoire de biologie moléculaire de Cambridge, au Royaume-Uni, vient de s'intéresser au rôle de l'horloge biologique dans les processus de cicatrisation. Leurs travaux, publiés dans la revue médicale américaine « Science Translational Medicine », révèlent comment le rythme circadien agit sur les cellules de la peau et module la guérison d'une plaie ou d'une brûlure. Les tests réalisés in vitro sur des cultures de cellules de peau humaine ont ainsi montré que pendant la phase diurne du nycthémère, les blessures guérissent presque deux fois plus vite que durant la phase nocturne. Par ailleurs, une méta-analyse réalisée à partir des dossiers médicaux de 118 patients brûlés a abouti à un résultat encore plus édifiant : lorsque les brûlures se sont produites entre 20 heures et 8 heures du matin, leur guérison a mis en moyenne 28 jours, contre 17 jours seulement si elles se sont produites pendant la journée. Autrement dit, les brûlures prennent en moyenne 60 % plus de temps pour guérir si elles se produisent après le coucher du soleil.

La raison de ce phénomène serait triple. Le jour, les cellules se déplacent plus vite vers la plaie et produisent plus de protéines responsables de la cicatrisation. Enfin, le collagène, principal constituant de l'épiderme, se dépose en plus grande quantité à la lumière du jour. Des conclusions inexploitables dans le cadre de plaies accidentelles, mais qui pourraient bouleverser en profondeur les plannings des blocs chirurgicaux.

 

 

Didier Doukhan

Source : lequotidiendupharmacien.fr