Quels sont les principes actifs ?
Le Lovénox (énoxaparine) est une héparine de bas poids moléculaire (HBPM) dont l’action anticoagulante est quasi immédiate, d’où son intérêt ici.
L’acénocoumarol (Sintrom), un anti-vitamine K (AVK), a une demi-vie de 11 heures Agissant au bout de plusieurs jours, il ne constitue pas un traitement d’urgence mais est destiné à prendre le relais de l’héparine.
Y a-t-il des insuffisances et des interactions ?
Il n’y a pas d’interactions médicamenteuses dans l’ordonnance, mais le médecin aurait dû expliquer à Mme O. les principes de la surveillance du traitement :
Plaquettes avant le traitement par héparine (risque de thrombopénie induite par l’héparine) de façon bihebdomadaire ; la durée du traitement par HBPM ne doit pas excéder 10 J, délai d’équilibration par AVK inclus.
Premier contrôle de l’INR dans les 48 heures. Les contrôles suivants sont réalisés toutes les 24 à 48 heures jusqu’à obtenir deux INR dans la fourchette thérapeutique (entre 2 et 3). Les contrôles sont ensuite pratiqués tous les 2 à 4 J jusqu’à stabilisation de l’INR puis espacés progressivement jusqu’à n’être plus réalisés que tous les mois. Ce traitement sera ici poursuivi 3 à 6 mois.
Le médecin arrêtera l’héparinothérapie dès que l’INR sera stabilisé, probablement avant dix jours. Les époux O. pourront aller en Angleterre mais la patiente veillera à y faire contrôler son INR.
Le risque d’interactions médicamenteuses est important avec les AVK et Mme O. doit disposer d’un carnet de suivi (disponible, par exemple, auprès du CESPHARM), que son médecin a oublié de lui remettre. Son attention doit être attirée sur l’interaction entre salicylés et/ou AINS et AVK : se plaignant de douleurs articulaires, elle a tendance à prendre de son chef de nombreux antalgiques.
Et les posologies ?
Elles sont correctes a priori : le médecin adaptera la dose d’AVK en fonction de l’INR, de façon à le stabiliser entre 2 et 3 (INR de référence = 1). L’administration du Lovénox est réalisée à domicile, matin et soir, par une infirmière.
Votre conseil
Le voyage aérien des époux O. ne dure pas longtemps : le risque de récidive thromboembolique est faible, d’autant plus que Madame O. bénéficie d’une thromboprophylaxie ! Ceci est l’occasion de rappeler des principes simples : lors d’une station assise prolongée, veiller à opérer des mouvements de flexion et d’extension des pieds toutes les demi-heures environ et à marcher (dans l’allée de l’avion, en s’arrêtant au bord de la route en voiture, etc.) ; s’hydrater suffisamment et proscrire l’absorption d’alcool en avion (il facilite la déshydratation).
Les bas de contention sont enfilés au lever, et les mollets massés légèrement pour répartir leur pression de façon uniforme. Leur entretien est soigneux de façon à ce qu’ils conservent leurs propriétés. Il est conseillé de surélever les jambes la nuit pour optimiser le retour veineux.
Aucun aliment est en lui-même interdit à Mme O. et elle peut consommer raisonnablement des aliments contenant de la vitamine K : choux divers, épinards, persil, abats, etc. Il lui faudra éviter la consommation régulière d’alcool, susceptible de diminuer l’efficacité des AVK.
L’oubli d’une prise de Sintrom, au-delà de huit heures, est notifié dans le carnet de suivi, sans essayer de « rattraper » la prise en doublant la dose !
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