CE N’EST pas encore la panacée, mais ça y ressemble. La Polypill, rebaptisée « super pilule » par les médias grand public, réduirait de 50 à 60 % les risques de maladies cardio-vasculaires chez des sujets en bonne santé. Son originalité ? Un comprimé qui combine de faibles doses de trois médicaments contre l'hypertension (12,5 milligrammes de thiazide, 50 mg d'aténolol, 5 mg de ramipril), à un anticholestérol (20 mg de simvastatine), et à 100 mg d'aspirine. Cinq principes actifs réunissant leurs effets complémentaires sous une même galénique, ce rêve de pharmacologue n’est certes pas tout à fait nouveau, mais il atteint aujourd’hui une reconnaissance validée par la clinique. Publiée dans la revue médicale britannique « The Lancet », l'étude clinique de la Polypill (The Indian Polycap Study ou TIPS) a en effet créé l’événement lors de sa présentation à la 58e conférence annuelle de l'American college of cardiololy, réunie la semaine dernière à Orlando, en Floride. L’étude, la première du genre, a été conduite en Inde sur 2 053 patients, âgés de 45 à 80 ans, et financée par le laboratoire indien Cadilla Pharmaceuticals. Les cardiologues indiens ont ainsi comparé les effets de la Polypill avec huit autres médicaments, sur la tension artérielle, les taux de cholestérol ou encore le rythme cardiaque. Une réduction importante du taux de « mauvais » cholestérol (LDL), de la tension artérielle et de la fluidité sanguine, et donc un risque moindre de formation de plaque dans les artères ou de caillot ont été constatés. Les effets secondaires ont été les mêmes avec la Polypill qu'avec chacun des composants pris séparément. Au total, cette nouvelle solution thérapeutique pourrait, à terme, améliorer le traitement et la prévention des maladies cardio-vasculaires, estiment les auteurs de l’étude.
Un enthousiasme qu’il convient de tempérer, objectent ses détracteurs. Cette pilule, qui n’apporte rien de vraiment nouveau, ne fait que simplifier le traitement, et l’on n’en connaît pas encore les risques sur le long terme. Enfin, pour les patients déjà traités par certains des principes actifs présents dans la Polypill, le super comprimé sera inadapté. Bref, la panacée pourrait rester encore quelque temps au rayon des mythes.
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