Les annonces du Pr Raoult concernant les effets de l'hydroxychloroquine sur le coronavirus ont incité de nombreux patients à se ruer vers les pharmacies pour en obtenir. Conséquence : des personnes atteintes de lupus rencontrent de grandes difficultés pour en trouver.
Le téléphone de la présidente de l'association Lupus France n'en finit plus de sonner depuis quelques jours. « Je suis débordée par les appels et les messages de patients qui paniquent à l'idée de devoir interrompre leur traitement. J'espère que Sanofi a bien pris conscience de l'ampleur du problème », avance Johanna Clouscard, présidente de l'association et elle-même touchée par cette maladie auto-immune. Lundi en fin de journée, le ministre de la Santé a indiqué qu'il prendrait un arrêté pour encadrer strictement la prescription d'hydroxychloroquine (Plaquenil). Hors AMM, elle ne sera plus accessible qu'aux équipes hospitalières qui en feront la demande pour le traitement des formes sévères de COVID-19. Une décision qui devrait permettre d'apaiser une situation qui devient « grave » selon Johanna Clouscard. « On m'a alertée sur le fait que des gens avaient acheté des boîtes en quantité, dans l'intention de les revendre ensuite », dénonce-t-elle. La présidente de Lupus France a même reçu des propositions, parfois venues de l'étranger, de personnes qui espéraient lui racheter ses médicaments.
Comme de nombreux patients avec qui elle est en contact, Johanna Clouscard a été contrainte de réduire les doses de son traitement. « Des médecins nous conseillent de ne plus prendre qu'une seule dose quotidienne au lieu de deux pour tenir le plus longtemps possible. » Dans les colonnes du journal « Le Parisien », Sanofi s'est voulu rassurant, en affirmant qu'il n'y avait « pas de rupture d'approvisionnement pour ce traitement et que des stocks allaient arriver dans les jours qui viennent ». Un optimisme qu'elle a pour l'instant du mal à partager. « Il y a une pénurie dans de nombreuses pharmacies, il suffit de voir le nombre de témoignages de patients qui n'en trouvent plus pour s'en rendre compte. D'autres officines délivrent au compte-gouttes, précise-t-elle. Sanofi veut désormais que les personnes ayant un lupus soient capables de prouver qu'elles sont bien atteintes de cette maladie pour avoir droit au Plaquenil, ce que je trouve assez choquant. » En France, environ 60 000 personnes, à 90 % des femmes, souffrent d'un lupus en 2020 selon les chiffres de l'association.
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