Une équipe INSERM vient de montrer qu’une augmentation excessive de la fréquence cardiaque au cours d’un stress léger est associée à un risque de mort subite. Les chercheurs se sont servi des données d’une cohorte de policiers de
la préfecture de Paris suivis pendant vingt-trois ans. Un déséquilibre du système nerveux autonome serait en cause.
LE PROBLÈME semble insoluble de prime abord : comment prévoir une mort qui frappe sans prévenir ? « La mort subite, ce n’est pourtant pas une fatalité ! », affirme le Pr Xavier Jouven de l’unité INSERM 909 « épidémiologie cardiovasculaire et mort subite » (hôpital européen Georges-Pompidou, Paris). Cette équipe vient, en effet, de publier une étude montrant qu’il est possible d’identifier, parmi des sujets sains, ceux qui sont à risque. Des mesures préventives pourraient ainsi être élaborées et mises en place.
La solution est désarmante de simplicité : il suffirait de prendre le pouls lors d’un stress modéré. Difficile d’envisager une méthode plus simple et aussi peu onéreuse… Selon les chercheurs français, les sujets dont la fréquence cardiaque augmente de façon excessive au cours d’un stress léger seraient davantage à risque de décéder de mort subite. Mais ce n’est pas tout. Il semble à l’inverse que l’augmentation de la fréquence cardiaque à l’effort soit protectrice. L’équipe vient ainsi, l’air de rien, de faire une grande avancée scientifique sur le plan physiopathologique en montrant que les deux mécanismes d’augmentation de la fréquence cardiaque, l’un à l’effort, l’autre au stress, sont bien distincts et sans aucune corrélation.
Des policiers sains et sportifs.
L’équipe dirigée par le Pr Xavier Jouven s’est servi des données d’une cohorte de policiers de la préfecture de Paris, suivis pendant vingt-trois ans. Près de 7 740 hommes sains, français, âgés de 42 à 53 ans ont été inclus dans l’enquête prospective parisienne I. Les sujets passaient régulièrement des examens cliniques, des électrocardiogrammes et des tests d’effort. Ainsi, la fréquence cardiaque était mesurée au repos, puis de nouveau quelques minutes avant de commencer le test d’effort sur un vélo. Les chercheurs ont considéré que les policiers étaient soumis à ce moment-là à un léger stress mental lié à la représentation de l’effort à fournir.
Il est apparu que les hommes dont l’augmentation de la fréquence cardiaque avait été la plus importante,
12 battements/min (bpm), avaient une mortalité deux fois plus élevée que ceux dont l’augmentation avait été la plus faible, 4 bpm. À savoir que la fréquence cardiaque avait augmenté en moyenne de 8,9 ± 10,8 bpm. Le risque relatif du troisième tertile versus le premier était de 2,09 (IC 95 %, 1,13-3,86) après ajustement. À l’inverse, il est apparu que les hommes à forte augmentation de fréquence cardiaque pendant l’effort avaient un risque de mort subite diminué de moitié par rapport à ceux ayant une faible accélération de fréquence cardiaque. Sur les 1 516 décès survenus au cours du suivi, 81 étaient dus à une mort subite.
Un déséquilibre du système autonome.
Pour expliquer ce phénomène, les auteurs suggèrent un déséquilibre dans la régulation du système autonome. Alors que le stress mental augmente la fréquence cardiaque via une stimulation neurologique et une décharge localisée de noradrénaline, l’effort agit via les catécholamines circulantes du système sympathique, à la fois noradrénaline et adrénaline. Les sujets ayant une forte réponse noradrénergique en situation de stress seraient à risque d’avoir la même réaction au cours d’un infarctus du myocarde et donc de décéder d’arythmie. Le système nerveux autonome pourrait être ainsi le rhéostat du risque de fibrillation ventriculaire au cours d’un infarctus du myocarde. Il semble exister de fortes prédispositions génétiques, puisque le risque relatif de mort subite était de 2,76, en cas de mort subite chez la mère, et de 9,34 chez les deux parents.
« Notre étude ouvre de nombreuses pistes de recherche clinique. Il faudrait déterminer le seuil de bpm à partir duquel le risque de mort subite est augmenté et ce pour quelle intensité précise de stress, précise le Pr Jouven. Nous sommes, de plus, en train de chercher à identifier d’autres facteurs de risque. Certains sont déjà repérés comme les antécédents familiaux et les facteurs de risque cardio-vasculaires classiques. » Il reste aussi à confirmer ces observations chez les femmes, puisqu’il n’y avait que des hommes dans la police à Paris dans les années 1960…
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