Pour la 7e année consécutive, la revue « Prescrire » publie sa liste des « médicaments à écarter pour mieux soigner », et ce dans toutes les situations cliniques pour lesquelles ils sont autorisés. Sur les 93 médicaments recensés dans ce bilan finalisé début 2019, 82 sont commercialisés en France.
À l'occasion de cette réactualisation de sa liste noire de médicaments, « Prescrire » ajoute 6 médicaments à écarter. Il s'agit d'Esmya (ulipristal) à la suite d'effets indésirables hépatiques graves rapportés depuis sa commercialisation dans les fibromyomes. « Prescrire » va plus loin que les autorités sanitaires qui, en mai dernier, ont contre-indiqué ce médicament chez les femmes présentant des troubles hépatiques, troubles qui doivent être systématiquement recherchés avant l'initiation du traitement et pendant son administration au long cours (lire notre article « abonné »). La revue ajoute également la cimétidine à sa liste noire, parce qu'elle « expose à nettement plus d'interactions médicamenteuses que d'autres antihistaminiques H2 » sans apporter d'avantage supplémentaire.
Par ailleurs, « Prescrire » écarte quatre médicaments pour leurs effets indésirables « disproportionnés dans toutes les indications dans lesquelles ils sont autorisés ». La méphénésine (Décontractyl et Décontractyl baume), utilisée comme myorelaxant, devrait être remplacée par un antidouleur efficace comme le paracétamol car elle « expose à des somnolences, des nausées, des vomissements, des réactions d'hypersensibilité (dont des éruptions cutanées et des chocs anaphylactiques) et des abus et dépendances », sans parler des risques d'événements indésirables liés à la forme baume (atteintes cutanées pouvant aller jusqu'à des érythèmes polymorphes et des pustuloses exanthématiques aiguës généralisées). De la même façon, « Prescrire » écarte l'oxomémazine (Toplexil et génériques), le trinitrate de glycéryle (Rectogesic) « qui n'a pas d'effet démontré au-delà de l'effet placebo pour guérir une fissure anale chronique (...) et expose à des céphalées très fréquentes et parfois sévères », et l'acide obéticholique (Ocaliva). Ce dernier, autorisé dans les cholangites biliaires primitives, « n'améliore pas l'état des patients ni en monothérapie, ni en association avec l'acide ursodésoxycholique (...), aggrave souvent les symptômes de la maladie et semble exposer à des effets indésirables hépatiques graves, parfois mortels ».
En revanche, « Prescrire » souligne que trois médicaments figurant dans ses précédentes listes noires ont été retirés de l'édition 2019 : Ketek (télithromycine) parce qu'il a été retiré du marché, Uptravi (sélexipag) parce que de nouvelles données sont en cours d'analyse (lire notre article « abonné ») et Lynparza (olaparib) parce que de nouveaux résultats ont montré que sa balance bénéfice/risque n’est pas nettement défavorable. La revue précise qu'une analyse menée en 2018 montre que la balance bénéfice/risque de la varénicline (Champix) « n'est pas nettement défavorable mais elle est moins favorable que les substituts à base de nicotine ». Indiquée en 2e intention dans le sevrage tabagique, la varénicline a été scientifiquement réhabilitée en 2016 et elle est remboursée en France depuis 2017. En revanche, le bupropion (Zyban) figure toujours dans la liste noire.
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