« LA VIE des patientes engagées dans une démarche de PMA est rythmée par les tentatives, l’attente et les échecs successifs. Et lorsque l’échec dure, ces femmes sans enfants parlent alors d’elles comme des " inutiles " », témoigne le Dr Muriel Flies Treves. De fait, la vie des couples en désir d’enfant n’est pas toujours un long fleuve tranquille. On comprend ainsi pourquoi, au-delà de la maîtrise purement médicale, voire technique, de la PMA, le soutien psychologique est l’un des éléments du succès. À l’Hôpital Antoine-Béclère (Clamart, dans les Hauts-de-Seine), la prise en charge des patients face à l’assistance médicale à la procréation occupe plusieurs psychologues. De la consultation des « entrantes », où le traitement et ses répercussions sont largement expliqués, à la consultation d’infertilité qui associe l’expertise d’un gynécologue à celle du psychologue, en passant par les entretiens psychologiques individuels qui permettent d’aborder des problématiques extérieures à la PMA proprement dite, les occasions de lever d’éventuels obstacles sont nombreuses.
Annoncer l’abandon de la PMA.
Lorsque l’arrêt des tentatives s’impose, par exemple, l’annonce de l’abandon de la PMA mérite plus d’une consultation, explique la psychologue. Dans ces situations douloureuses, il ne faut pas laisser le couple dans la solitude de l’échec. « Le choc de l’annonce, son ressenti, le renoncement à la filiation génétique et le deuil qu’il convient de faire, tout ceci suppose un long cheminement avec la patiente », détaille-t-elle. L’échec est en effet souvent vécu comme une blessure narcissique. « Je ne suis pas une femme, si je ne suis pas une mère », se disent-elles. Ces situations peuvent aussi engendrer le conflit dans le couple, voire sa rupture. Pour d’autres, au contraire, l’annonce de l’abandon des tentatives est l’occasion de tourner définitivement la page, comme un soulagement : « même la médecine a été impuissante à remédier à notre stérilité ».
Pas de réponse toute faite.
Heureusement, les alternatives aux techniques de PMA existent. Vient alors le temps des solutions d’après l’échec. « Mais chacune des options qui se présentent aux couples est autant de questions qui réclament, là encore, un accompagnement psychologique », précise le Dr Muriel Flies Treves. Le don d’ovocyte ? Oui, mais il convient d’accepter le don d’une autre femme tout en abandonnant le désir de filiation naturelle. Il y a aussi la crainte que l’enfant reste un étranger dans le cœur des parents incapables de l’accepter… Ou tout simplement cette question terrible et parfois muette : « et s’il ne nous ressemble pas ? »
Plus tard aussi, bien plus tard, lorsque l’enfant est devenu grand, les couples s’interrogent : « devons-nous lui expliquer le secret de sa conception ? » « A cette dernière question, les soignants ne doivent apporter aucune réponse toute faite. Ce qui compte c’est de laisser les parents imaginer eux-mêmes leur réponse qui renvoie souvent au ressenti profond qu’ils ont de leur infertilité. » Dans ce contexte, les débats qui tournent autour de la question de l’anonymat dans la réflexion actuelle des lois de bioéthique sont essentiels.
L’adoption comme ultime recours.
Enfin, quand les techniques de fécondation in vitro et de dons de gamètes se révèlent impuissantes ou impossibles à mettre en œuvre, reste la solution de l’adoption (voir encadré). Une option qui est d’ailleurs bien souvent envisagée en parallèle des PMA, et ce clandestinement car les DDASS interdisent de l’engager en même temps. « La solution de l’adoption présente l’avantage, par rapport notamment au don de gamète, de rendre les deux membres égaux face à l’infertilité », souligne le Dr Muriel Flies Treves.
Dans les officines, ces patientes impatientes laissent parfois déborder les larmes après l’échec d’une nième tentative. Que peut le pharmacien confronté à une telle détresse ? « Les pleurs sont l’expression de quelque chose qu’il convient de respecter. Il ne faut pas chercher à tout prix à les colmater. Dans ces circonstances, il n’y a pas de réponse standard à appliquer, écoutez-les, restez naturel et réagissez comme vous le sentez », conseille la psychologue.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques