Les maladies auto-immunes représentent un groupe hétérogène de maladies dont l’origine précise demeure souvent partiellement inconnue. Elles ont en commun le fait d’être en étroite liaison avec un dysfonctionnement immunitaire, autrement dit (globalement) un trouble de la distinction entre le « soi » et le « non-soi ».
Cela étant, cette dernière notion n’est plus actuellement considérée comme essentielle dans l’expression clinique des maladies auto-immunes. Il faut aussi savoir qu’en dehors de tout contexte pathologique, il existe des lymphocytes T et B dits autoréactifs ainsi que des auto-anticorps naturels ; autoréactivité modulable par de multiples facteurs, hormonaux ou « chimiques ».
Et qu’il existe un continuum entre l’autoréactivité nécessaire au fonctionnement normal du système immunitaire et l’autoréactivité pathologique, où l’extension quantitative ou qualitative peut contribuer ou induire des éléments pathogènes lésionnels.
On considère aujourd’hui que l’induction initiale résulte d’une agression peu spécifique ; la difficulté à contrôler une réponse face à ce danger étant susceptible de favoriser l’amplification de l’auto-immunité naturelle. Le passage de l’auto-immunité physiologique à l’auto-immunité pathologique implique l’association de facteurs environnementaux associés à des facteurs individuels, en particulier génétiques.
Le plus souvent, les maladies auto-immunes expérimentales ou spontanées sont transmises à un animal receveur sain par les lymphocytes T, mais pas par les anticorps. Ces pathologies sont généralement aggravées par l’injection de certaines cytokines et améliorées par d’autres.
Rappelons que les cytokines sont des protéines chargées de la communication entre des cellules de différents systèmes et qu’elles agissent par l’intermédiaire de récepteurs membranaires spécifiques. Les principales cytokines de l’inflammation sont le TNF alpha (Tumor Necrosis Factor) et l’interleukine 1 (IL1). Elles contribuent au tableau clinique par des effets systémiques (asthénie, fièvre) et locaux.
Quid des auto-anticorps ?
Il en distingue plusieurs catégories. Il ne faut pas méconnaître que presque tous ces auto-anticorps peuvent aussi être mis en évidence chez des personnes ne présentant pas de manifestations cliniques.
- Anticorps anti-nucléaires.
- Anticorps anti-phospholipides.
- Anticorps dirigés contre le cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA).
- Facteurs rhumatoïdes.
- Anticorps anti-globules rouges.
- Cryoglobulines.
Exemples de cibles d’auto-anticorps pathogènes :
- Anticorps anti-récepteurs : récepteurs de l’acétylcholine (myasthénie), récepteur de la TSH (maladie de Basedow), facteur intrinsèque (anémie de Biermer)
- Anticorps anti-érythrocytes, anti-neutrophiles, anti-plaquettes : anémies hémolytiques, neutropénies, thrombocytopénies
- Anticorps dirigés contre les protéines de jonction entre les kératinocytes (pemphigus), contre les membranes basales (syndrome de Goodpasture), contre certaines activités enzymatiques (anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles reconnaissant des protéases dans les vascularites), contre des facteurs de la coagulation (anticorps anti-phospholipides responsables de thromboses)
Maladies auto-immunes
On distingue :
- Les maladies auto-immunes systémiques : connectivites (lupus érythémateux disséminé, sclérodermie, dermatomyosites), connectivites mixtes, syndrome de Gougerot-Sjögren.
- Les maladies auto-immunes spécifiques d’organes ou de tissus : thyroïdite d’Hashimoto, maladie de Basedow, diabète insulinodépendant, myasthénie, certains pemphigus, hépatites auto-immunes, anémie de Biermer, cytopénies auto-immunes…
On y associe la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques, le psoriasis, la sarcoïdose et les maladies intestinales inflammatoires chroniques ou MICI (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique).
Les allergies ne sont pas considérées comme des maladies auto-immunes.
De nombreux facteurs favorisants ont été identifiés, mais le caractère multifactoriel implique qu’aucun d’entre eux ne suffit à lui seul à expliquer la maladie.
Il existe une nette prédominance féminine pour l’ensemble de ces maladies ; surtout en ce qui concerne les thyroïdites, connectivites et polyarthrites.
Parmi les facteurs favorisants identifiés, on peut citer le rôle des estrogènes pour les connectivites, l’exposition aux ultra-violets, aux poussières (silice, plastiques), à certains médicaments associés au lupus (bêta-bloquants, isoniazide, interférons alpha, anti-TNF alpha…).
Surtout, on a amplement démontré le poids d’une prédisposition génétique.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques