APRÈS AVOIR OBTENU son autorisation de mise sur le marché (AMM) en mars 2013, le Selincro (nalméfène) des laboratoires Lundbeck est désormais remboursé en France.
Selincro est un traitement de première intention s’adressant aux patients, dont la consommation d’alcool est à risque élevé ou très élevé (+ de 6 verres/jour pour un homme et + de 4 pour une femme) souhaitant réduire leur consommation, sans s’engager dans l’abstinence.
La démarche de réduction des risques semble désormais faire consensus : quand la recherche immédiate de l’abstinence n’est pas possible ou peu souhaitable, la première préoccupation du médecin est de faire baisser le niveau de risque auquel s’expose le patient en l’aidant à diminuer sa consommation ou à améliorer les conditions dans lesquelles se déroule la consommation. « Il faut suivre la préférence du patient et écouter ce qu’il est prêt à faire dans l’immédiat. Pour beaucoup de sujets alcooliques, l’abstinence demande des efforts trop importants et les met trop en difficulté. Pour d’autres, c’est parfois plus simple de s’abstenir que de réduire la consommation », expliquait au « Quotidien » le Pr Henri-Jean Aubin, président de la société française d’Alcoologie et addictologue à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif.
Suivi de la consommation et observance.
Afin de s’assurer du bon usage du nalméfène, l’Agence nationale de sécurité du médicament a mis en place un Plan de Gestion des Risques (PGR) au niveau national, qui inclut le suivi psychosocial. Dans ce cadre, des documents d’information et de suivi du traitement sont mis par le laboratoire à la disposition des prescripteurs et des patients. Un agenda de consommation et de prise du Selincro doit en particulier être remis au patient lors de la deuxième visite, deux semaines après la première consultation. Le patient doit être revu après un mois de traitement, puis tous les mois afin de faire le point sur sa consommation d’alcool et son état clinique.
Le suivi psychosocial se fait lors de la visite mensuelle. Les étapes clés sont le suivi de la consommation, la vérification de l’observance, l’évaluation de l’amélioration globale, la restitution au patient et la réévaluation de l’objectif thérapeutique. Il s’agit de faire le point de façon positive avec le patient et de le motiver en l’encourageant, en mettant en avant ses progrès, et en le responsabilisant. « Avec Selincro, on entre dans une nouvelle démarche : le traitement est pris à la demande et il n’y a pas de stigmatisation du patient », souligne le Dr Sylvia Goni directrice des Affaires Médicales des laboratoires Lundbeck. Et le Pr Aubin de préciser : « On peut conseiller à certains patients d’avoir toujours un médicament avec eux. Et bien insister sur le fait de prendre le comprimé même si la consommation a déjà commencé. » Le traitement doit être systématiquement réévalué à 6 mois. En cas d’inefficacité, il doit être arrêté.
Deux autres molécules.
Deux autres molécules ont une indication dans l’alcoolo-dépendance. Le baclofène (Liorésal, Baclofène Zentiva) bénéficie depuis mars 2004 d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU). L’arrêté paru au Journal Officiel du 13 juin l’inscrit sur la liste des spécialités prises en charge par la Sécurité sociale. Il est prescrit à la carte souvent à haut dosage (posologie augmentée progressivement), que ce soit dans la prévention de la rechute après sevrage ou dans l’objectif d’une réduction de la consommation. Les résultats de deux études en double aveugle randomisées (Alpadir et Bacloville) sont attendus en janvier 2015.
Enfin, le laboratoire D&A Pharma a déposé une demande d’AMM dans 29 pays européens dont la France pour l’Alcover un dérivé du GHB (oxybate de sodium), agoniste du récepteur GABA-B. Il est indiqué dans le sevrage et le maintien de l’abstinence des cas sévères à très sévères de dépendances à l’alcool. Selon les résultats de l’étude « SMO » menée de juin 2012 à octobre 2014 auprès de 496 patients répartis dans 9 pays, le taux d’abstinence moyen serait de 75 %.
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