LA PEAU et les muqueuses possèdent un système de régulation qui maintient leur pH à son niveau physiologique lorsque l’on applique un produit acide ou alcalin. La région intime est composée de deux zones distinctes : la zone interne vaginale dont le pH physiologique acide (entre 4 et 5,5) lui permet d’assurer l’équilibre de sa flore et de limiter la croissance microbienne potentiellement pathogène, et la zone externe vulvo-anale dont le pH physiologique se situe entre 4,8 et 8 selon que l’on se situe au niveau de la peau ou de la muqueuse. Le maintien de l’acidité de la cavité vaginale serait dû à un double mécanisme : l’un, connu depuis des décennies, est représenté par la sécrétion d’acide lactique d’origine lactobacillaire ; l’autre, cellulaire, plus récent, évoque une acidification par sécrétion active d’ions H+ de certaines cellules épithéliales. Mais, comme le con-
firme l’étude menée par Christelle Neut, bactériologiste à l’INSERM de Lille, ni le mécanisme cellulaire ni le mécanisme de sécrétion lactique ne semblent pouvoir être influencés par des modifications du pH extérieur dues à l’application d’un produit d’hygiène. « Le pH d’un produit de toilette intime n’a donc aucun impact ni sur le pH vaginal ni sur le pH vestibulaire. En revanche, il est important qu’il respecte l’écosystème vestibulaire, prévient le Dr Jean-Marc Bohbot (institut Fournier à Paris). Le vestibule contribue en effet au passage des lactobacilles du rectum dans le vagin, le rectum étant un réservoir important de lactobacilles vaginaux. Ce mécanisme de réensemencement de la cavité vaginale est confirmé par des études récen-tes. » En conséquence, la solu-tion intime ne doit pas contenir de substances agressives (antiseptiques) pour la flore naturelle vestibulaire.
Une large fourchette de pH.
Au niveau externe, le soin lavant est appliqué directement sur la vulve et les régions périnéale et péri-anale, et les experts ont cherché à déterminer dans quelle mesure son pH peut influencer l’équilibre de ces zones. En fait, il n’y a pas un pH physiologique unique dans cette région. Celui-ci varie entre 6 et 7, voire plus dans les zones cutanées, et jusqu’à 4,8 dans la zone vestibulaire. Deux cas sont à distinguer. Au quotidien, en dehors de toute pathologie, on doit privilégier les produits dont le pH est compris entre 4,5 (acide) et 8-9 (alcalin). En cas de candidoses externes, un pH neutre, voire légèrement alcalin (de 7 à 9), est recommandé car il s’oppose au développement des levures, celles-ci se multipliant plus volontiers en milieu acide. « Au total, en ce qui con-cerne l’équilibre physiologique de la région intime, le pH d’un produit d’hygiène apparaît donc d’un intérêt limité (sauf cas particulier des mycoses externes) comparé à sa composition », conclut le Dr Bohbot. En effet, en dehors du pH et de l’absence d’antiseptiques, d’autres critères doivent être retenus pour choisir un soin qui lave sans décaper. « Pour les femmes, les deux mots clés qui expliquent une toilette intime quotidienne sont l’odeur et l’humidité, elles veulent du confort, et hygiène et cosmétique sont très liées, constate le Dr David Elia, gynécologue à Paris. Afin de respecter l’écosystème, il faut utiliser des produits qui maintiennent une bonne hydratation au niveau de la vulve et qui ont des propriétés adoucissantes et apaisantes. » Les savons classiques sont trop desséchants, il faut leur préférer les syndets liquides dont les agents surgraissants et hydratants permettent de respecter le film hydrolipidique protecteur et la lubrification naturelle de cette zone. Leur usage peut être quotidien en raison de leur bonne tolérance, et ils procurent une sensation de bien-être pendant et après l’utilisation.
des Laboratoires Iprad Santé.
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