Pour la semaine nationale de prévention de la mort inattendue du nourrisson, organisée par l'ANCReMIN (Association nationale des centres de références de la mort inattendue du nourrisson), différentes actions d'information et de sensibilisation, à destination des parents mais également des professionnels de la périnatalité et de la petite enfance, sont menées dans plusieurs grandes villes de France*.
De 400 à 500 décès par an
Cette semaine fait suite à la première journée de prévention organisée en 2015 par l'association et au constat qu'une seule journée n'était pas suffisante pour alerter sur ce problème. Selon le rapport de l'InVS de mars 2011, le nombre de décès s'élevait à un peu plus de 280 décès entre 2007 et 2009.
Des chiffres contestés par les membres de l'ACReMIN qui les jugent sous-évalués. « Si on collecte vraiment tous les cas recensés auprès des instituts médico-légaux, dans les centres de référence de la MIN ainsi que les certificats de décès pour lesquels il n'y a pas eu d'enquête, plus tous les enfants qui décèdent en réanimation et ne sont pas initialement considérés comme des morts inattendues du nourrisson, on aboutit plutôt à 400 à 500 décès par an », estime le Pr Hugues Patural, chef de service réanimation néonatale et pédiatrique du CHU de Saint-Étienne et co-organisateur de la semaine dans le département de la Loire. Selon lui, « La prévention permettrait de sauver plus de 200 bébés par an si les consignes de couchage étaient respectées, mais ce message n'est pas assez relayé ».
Rappeler les consignes de couchage et les respecter
D'après le Pr Patural, la responsabilité est collective lorsqu'il y a décès d'un bébé suite à un étouffement. À la maternité, tout d'abord, où les mères séjournent de moins en moins longtemps et où les messages de prévention ne peuvent être correctement délivrés par les médecins et les sages-femmes, faute de temps.
De la part des médecins de ville, ensuite. « Il faut que les pédiatres et les médecins généralistes, lorsqu'ils voient l'enfant dans les premières semaines de vie, cherchent à savoir comment est couché le bébé à la maison et qu'ils reprennent complètement la prévention avec les parents », précise-t-il*.
Côté parents, le Pr Patural rappelle que, bien souvent, les mères qui sont nées dans les années 1980 ou 1990, prennent conseil auprès de leur propre mère qui, elle, a connu la consigne du couchage sur le ventre. « Dans la tête des parents, le couchage ventral est donc quelque chose de tout à fait acceptable », fait-il remarquer.
Enfin, il pointe du doigt médias et annonceurs qui promeuvent ou vendent des produits de puériculture non adaptés (écharpes de portage, coussins de positionnement, sacs de portage, etc.)*. « Sur les 5 ou 6 dernières années, on a recensé 15 décès survenus dans des écharpes de portage ; ces décès se produisent chez de très petits bébés, de 1 à 2 mois, qui n'ont pas de tonus de tête. »
Il dénonce également certaines associations de soutien à l'allaitement qui prônent le couchage du bébé dans le lit des parents pour favoriser l'allaitement. « Malheureusement, on favorise aussi le décès par étouffement. Parfois, le mieux est l'ennemi du bien », ajoute-t-il.
« Il faut vraiment reprendre à la base tous les conseils, car, derrière ces décès il y a des drames familiaux qui ont des retentissements sur des années voire des décennies, sur les parents aussi bien que sur la fratrie », fait remarquer le Pr Patural. « Il faut qu'une lame de fond de prévention se mette en place car le problème de la mort inattendue du nourrisson n'est pas réglé », conclut-il.
* Plus d'informations sur le site : naitre-et-vivre.org
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