Étude des comportements

Se laver les mains pour effacer la culpabilité

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Publié le 10/03/2014

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LORSQUE Ponce Pilate dit en se lavant les mains, « Je suis innocent du sang de ce juste, vous, vous y aviserez », il ne sait pas que devant Jésus crucifié, il consacre par son geste un comportement des plus humains. Se laver les mains pour effacer le sentiment de culpabilité, c’est justement l’hypothèse qu’ont voulu vérifier des chercheurs grenoblois, en collaboration avec l’université de Louvain (Belgique) et l’université d’État de l’Ohio (États-Unis). Pour ce faire, les scientifiques ont invité 65 habitués d’une bibliothèque grenobloise à se remémorer une mauvaise action commise à l’égard d’un ami proche. Puis, ils les ont divisés en trois groupes, le premier se lavait les mains, le second regardait une vidéo montrant quelqu’un se lavant les mains et le troisième visionnait des mains tapant sur un clavier. Les chercheurs ont évalué le sentiment de culpabilité des participants à chaque phase de l’étude. Puis on a libéré les personnes en leur demandant de rendre un service à un doctorant, à savoir faire remplir un questionnaire et le retourner dans un délai proche. Ceux qui ont le plus renvoyé de questionnaire, sont ceux qui ne s’étaient pas lavé les mains et n’avaient pas visionné de personnes le faisant. A contrario, les moins altruistes sont ceux qui, comme Pilate, ont lavé leur conscience en même temps que leurs mains. Pour les auteurs de l’étude, la conclusion est claire : « se laver les mains peut effacer la culpabilité. Malheureusement, cela réduit aussi les comportements prosociaux et altruistes. » Au total, ce comportement décrypté renvoie surtout aux rites de purification par l’eau qui lient, dans de nombreuses religions, la propreté physique à la propreté morale. Accessoirement, et pour finir, on rappellera que l’hygiène des mains, si elle cache quelque comportement antisocial, contribue grandement à la prévention des maladies manuportées. Voilà qui devrait redonner bonne conscience aux Pilate de salles de bain…

DIDIER DOUKHAN