Un important pourcentage de sujets âgés, qu’ils soient en institution ou maintenus à domicile, est à risque de dénutrition. Une mauvaise qualité de l’alimentation et des apports nutritionnels insuffisants associés à l’existence d’une pathologie se retrouvent bien souvent à son origine. Très utilisé par les professionnels de santé, le Mini-Nutritional Assesment® (MNA®) est un outil validé pour le dépistage de la dénutrition chez les personnes âgées. Mais qu’en est-il de son efficacité pour détecter de faibles apports énergétiques et en nutriments ? Des chercheurs finlandais ont tenté de répondre à la question à partir des données de cinq études nutritionnelles réalisées sur 900 sujets de plus de 60 ans avec ou sans pathologie, et vivant soit à domicile soit en institution.
Des apports à revoir chez les sujets au statut nutritionnel « normal »
Les sujets ont été répartis en trois groupes selon les résultats du MNA® :
(1) les patients dénutris ;
(2) ceux à risque de dénutrition ;
(3) les sujets avec un statut nutritionnel « normal ».
Globalement, le statut MNA® est associé à la qualité de l’alimentation et aux apports nutritionnels : les apports nutritionnels les plus faibles sont observés chez les sujets dénutris, tandis que les plus importants le sont chez les sujets avec un statut nutritionnel « normal ». Cependant, l’analyse détaillée des apports nutritionnels du groupe de sujets à statut « normal » est plus surprenante : 74 % d'entre eux ont des apports en protéines inférieurs à 1,2 g/kg de poids corporel (recommandations des instances nordiques) et un tiers a des apports inférieurs à 0,83 g/kg (recommandations européennes). Les apports énergétiques sont, eux aussi, inférieurs aux recommandations chez plus de la moitié de ces sujets (57 %) et les apports en vitamines C, D, E et folates sont insuffisants pour 20 à 42 % d'entre eux. Quant aux apports en fibres, ils n’atteignent pas les recommandations chez 80 % de ces sujets. Les chercheurs déduisent de ces derniers résultats que leur alimentation doit être de faible qualité nutritionnelle.
Les participants des cinq études étant représentatifs de cette catégorie de la population, ces données peuvent être généralisées à l’ensemble de la population âgée.
Le MNA®, un outil à compléter
S’il est très utile en clinique pour dépister les sujets dénutris, le MNA® est incapable d’identifier, parmi les sujets dont le statut nutritionnel est considéré comme « normal », ceux dont les apports en énergie, en protéines et en micronutriments sont insuffisants. Il doit donc être complété par des questionnaires alimentaires.
Pour les chercheurs, il y a urgence à intervenir auprès de l’ensemble des sujets.
Augmenter les apports en protéines et améliorer la densité nutritionnelle de l’alimentation doit se faire dès l’âge adulte, dans une optique de prévention précoce de la dénutrition et du déclin cognitif.
Docteur Isabelle Hoppenot
Référence
Jyväkorpi SK, Pitkälä KH, Puranen TM, Björkman MP, Kautiainen H, Strandberg TE, Soini HH, Suominen MH. High proportions of older people with normal nutritional status have poor protein intake and low diet quality. Archives of Gerontology and Geriatrics, In Press, 2016 Junehttp://www.aggjournal.com/article/S0167-4943(16)30113-3/abstract
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