L’EAU qui emporte, l’eau qui libère, l’eau qui soigne aussi… L’histoire des Grains de Vals débute par une histoire d’eau… qui prend sa source dans les monts de l’Ardèche. C’est dans ce cadre magistral, hésitant entre Auvergne et Languedoc, que se niche la petite station thermale de Vals-les-Bains. Dans cet écrin, initialement baptisé Saint-Martin-de-Vals, s’écoulent des eaux minérales dont les multiples vertus, découvertes en 1602, sont dites miraculeuses tout particulièrement pour le système digestif. Enfermées dans des bouteilles de verre, elles s’exportent, au cœur du XVIIe siècle, par milliers d’unités dans tout le royaume de France… Et ce, non sans être précédées d’une réputation colportée par les plus célèbres des bouches : celle de Madame de Sévigné qui en fait l’éloge - tout en s’épanchant sur ses soucis intestinaux dans le courrier qu’elle adresse à sa fille – jusqu’à la cours de Versailles où clapote leur nom déjà prestigieux. Il faut dire que les troubles du ventre sont loin d’être un sujet de plaisanterie, la constipation tout particulièrement, nouant les intestins et obsédant les pensées depuis toujours. Henri II et, trois siècles plus tard, Charles X ont rendu l’affection célèbre. Quant à Napoléon, il aurait déclaré que, sans les lavements et les purges, il n’aurait jamais supporté l’existence !
Heureusement, les moyens de lutter contre ces dérangements, petits ou grands, ne manquent pas. Parmi eux, l’eau de Vals, riche en oligo-éléments, se caractérise par ses fines bulles aux propriétés réhydratantes et désaltérantes et sa minéralisation équilibrée, réputée pour faciliter la digestion.
« Cocktail pharmacien ».
Les propriétés reconnues de ses eaux font rapidement de Vals-les-Bains les bains un haut lieu de cure. Un établissement thermal ainsi que de nombreux hôtels s’y érigent dès la fin du XIXe siècle. La Belle Époque, qui renoue avec l’expansion économique, voit quantité de curistes converger vers la station. Peu à peu, celle-ci acquiert une notoriété internationale et affirme son orientation thérapeutique : les maladies digestives, hépatiques et vésiculaires y sont prises en charge. Plus tard, la station se spécialisera dans le traitement et la prévention du diabète, de l’obésité et des troubles nutritionnels. Mais, pour l’instant, c’est à la sphère digestive et à ses diverses tribulations que se consacre la petite ville thermale. La constipation passagère apparaît, dans ce contexte, comme un des maux les plus communément partagés, notamment par les visiteurs de Vals.
Une évidence qui ne tarde pas à s’imposer à un pharmacien de la ville, Henri Noguès. Réputé pour la qualité de ses préparations, l’homme entend bien utiliser la renommée des thermes pour soigner sa population, et sa notoriété par la même occasion. Ce qu’il réalise bien vite en élaborant un médicament aux propriétés laxatives qu’il présente sous forme de petites dragées rondes. Nous sommes en 1899 et les Grains de Vals viennent d’apparaître. Leur composition mérite que l’on s’y attarde : aloès, cascara, bourdaine et belladone, additionnés de bile de bœuf. Un « cocktail pharmacien » capable de réguler les fonctions digestives et intestinales en agissant sur l’estomac, le foie et l’intestin. La formule a tôt fait d’agir et de séduire. Portée par la renommée de la station thermale, elle va s’exporter hors des frontières de France et atteindre la Suisse, l’Italie, la Roumanie et la Hongrie.
Pendant près d’un siècle, les petits Grains vont conforter leur réputation sans jamais décevoir leur public. Transmis de génération en génération, ils vont acquérir le statut de remèdes ancestraux. Il faut dire que, côté humain, l’attente est grande. Car la constipation opère ses mauvaises œuvres depuis toujours et dans l’ombre puisqu’elle constitue un sujet tabou. L’affection, sous sa forme passagère, est pourtant familière à un Français sur quatre. Trouble le plus fréquent en pathologie digestive, il concerne 20 % des femmes, 10 % des hommes et n’épargne pas les personnes âgées, particulièrement touchées. Les causes en sont multiples : changements hormonaux, grossesses, ménopause pour les premières ; voyages, changement de régime alimentaire, décalage horaire pour les seconds ; sédentarité, alimentation pauvre en fibre, déshydratation, traitements médicamenteux pour les derniers ; et, pour tous, le stress, un régime trop riche en sucres et en graisses, certaines maladies ou encore le manque d’exercice physique.
100 % naturelle.
Toute performante qu’elle soit, la formule des Grains de Vals va connaître un bouleversement au cours des années 1990 : sous le coup de la polémique de la vache folle, l’AFSSAPS demande que l’on supprime la bile de bœuf de sa composition. Dans le même temps, l’Agence décide de simplifier les anciennes formules. Le laxatif stimulant adopte alors un nouveau positionnement totalement naturel à base de trois extraits végétaux : le séné a des propriétés laxatives qui agissent sur le gros intestin en augmentant les mouvements péristaltiques du colon (resserrement successif des différentes portions de l’intestin par suite de la contraction de la membrane musculaire) ; les feuilles de boldo, issues de la région côtière du Chili, sont un des constituants traditionnels des tisanes visant à faciliter la digestion ; le cascara, de la famille des rhamnacées, est également utilisé pour ses qualités stomachiques et ses propriétés laxatives. Quant à son indication, le médicament est préconisé pour le traitement de courte durée de la constipation occasionnelle chez l’adulte de plus de 15 ans.
Les modifications apportées à la formule ne sont pas les seuls changements que connaissent les Grains en cette décennie 1990. En effet, le médicament va renouveler sa garde-robe et adopter la forme d’un tube pour entamer une nouvelle ère d’expansion. Aujourd’hui, l’historique laxatif regarde fermement vers un avenir dans lequel il compte bien s’inscrire. Singulièrement adaptable, il entend débuter le troisième millénaire par une nouvelle reformulation : cette fois, c’est à un seul composant, entièrement naturel, qu’il veut confier son action. La demande d’AMM est d’ores et déjà déposée et devrait être effective dès 2011. Un agrément qui, pour les Grains de Vals, confirmera que simplicité et efficacité riment avec éternité.
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Françoise Amouroux
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