LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Quelle est la position du LEEM sur l’expérimentation de la dispensation à l’unité d’antibiotiques ?
PHILIPPE LAMOUREUX . - Nous sommes attentifs à ce sujet, même si c’est une problématique qui concerne avant tout les pharmaciens d’officine. Nous n’avons pas d’hostilité de principe sur ce thème dès lors que sont évoqués des arguments de santé publique. Néanmoins, nous ne sommes pas sûrs que le déconditionnement soit de nature à améliorer l’observance des patients, qui est, de notre point de vue, la principale cause de résistance aux traitements. Nous allons donc suivre cette expérimentation attentivement et nous verrons ce que donneront les résultats de son évaluation.
Y aura-t-il des contraintes nouvelles pour les industriels, liées à cette dispensation à l’unité ?
Pour le moment, nous n’avons aucun élément nous permettant de penser qu’il y aura davantage de contraintes pour les industriels. Mais si on nous demande de produire les médicaments conditionnés différemment, il est certain que cela nous posera problème, car nos sites de production n’y sont pas adaptés. De plus, nous avons plutôt le sentiment que les conditionnements sont déjà bien adaptés à la durée du traitement, puisque nous avons accédé à la demande des pouvoirs publics dans les années 1990, lorsqu’ils nous ont demandé de nous améliorer sur ce point.
Que pensez-vous de la pratique de la dispensation à l’unité ?
Le déconditionnement n’est pas une pratique sans risques. Il y a tout d’abord des risques de contamination, mais aussi de dégradation des composés pharmaceutiques, par exemple sous l’effet de la lumière. On perd également les mentions légales sur les blisters en cas de découpe. Et enfin, il reste le problème de la notice pour les patients. Mais ce qui nous préoccupe le plus, c’est la complexité de la traçabilité lorsque le pharmacien déconditionne. En cas d’incident, comment pourra-t-on différencier un problème de fabrication d’un mésusage de patient par exemple ? L’actualité récente nous montre qu’il ne s’agit pas d’une situation théorique. Enfin, le déconditionnement peut aussi faciliter l’entrée de contrefaçon sur notre territoire, qui est jusqu’à présent très préservé grâce à la qualité de notre réseau de distribution. Or, un médicament sans son conditionnement est plus difficile à tracer, sachant qu’à l’heure actuelle la traçabilité s’effectue au lot, peut-être bientôt à la boîte, mais en aucun cas au comprimé. Il faut rester attentif à ce que la qualité et la sécurité du patient restent les priorités absolues.
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