LE DISPOSITIF Argus II (développé par la compagnie Second Sight) est destiné aux patients complètement aveugles mais qui ont eu antérieurement la vue. Les participants de l’étude dirigée par le Pr Sahel souffrent de rétinopathie pigmentaire, maladie génétique. Ils ont perdu la vue depuis dix à quinze ans.
Le premier patient français a été implanté le 13 février 2008 et l’essai, de trois ans, va s’achever en 2012. Les résultats actuels représentent donc un bilan d’étape.
« Les patients ont des perceptions visuelles plus importantes que prévu. Ils sont capables de lire des lettres et, pour certains, des mots de 4 lettres qu’ils ne connaissaient pas avant. Pas simplement leur nom. On attend les résultats définitifs », explique le Pr Sahel. Les mots sont écrits en gros caractères sur une feuille blanche. Avec deux ans et demi de recul par rapport au début de l’étude pour les premiers patients, on constate que le système implanté remplit aussi sa fonction prévue, qui est de permettre aux personnes de se diriger dans la vie quotidienne, de reconnaître des obstacles, les bandes blanches sur le sol, les voitures. Les résultats sont variables d’un patient à l’autre, mais aucun parmi les 30 implantés dans le monde n’y voit moins bien qu’avant.
Apprendre à utiliser et interpréter.
« La rééducation est essentielle », souligne le Pr Sahel. Le fonctionnement du matériel n’est pas intuitif. Il faut des efforts importants pour apprendre à l’utiliser et interpréter les sensations visuelles obtenues, qui sont très différentes de ce que la personne a connu quand elle y voyait.
« Le système fournit au cerveau des images dont il n’a pas l’habitude. Il doit s’approprier des sensations à partir desquelles il lui faut construire un environnement. » Les patients décrivent des perceptions sous la forme de taches et points lumineux, de scintillements. Les séances de rééducation durent quatre heures tous les quinze jours, avec des exercices quotidiens à la maison.
Si on veut faire un rapport d’étape, on peut dire que les trois quarts des patients implantés dans le monde reconnaissent des lettres, 21 lisent des mots, un des patients français au moins lit les mots de 4 lettres.
Rappelons que le système Argus II est destiné à stimuler les neurones encore intacts de la rétine, en envoyant des signaux pour remplacer ceux que les photorécepteurs ne fournissent plus. Il s’adresse à des personnes qui possèdent encore des cellules ganglionnaires actives au niveau de la rétine.
Le patient porte des lunettes sur lesquelles est fixée une minuscule caméra digitale qui envoie une image convertie en message électronique par un vidéoprocesseur. Ce dernier, de la taille d’un baladeur, est porté dans une ceinture (avec la batterie). Il est relié aux lunettes par un câble passant sous les vêtements. Le message électronique est envoyé vers un récepteur à radiofréquences implanté sous la conjonctive, à peine visible. Et ce récepteur transmet les signaux vers une puce implantée sur la rétine, qui envoie les messages au cerveau via le nerf optique. C’est ce message que perçoit le patient.
La prothèse utilisée dans cette étude comporte 60 électrodes. Ce matériel est destiné à être amélioré, pour tenter de se rapprocher du travail des quelque 130 millions de photorécepteurs rétiniens. L’équipe du Pr José-Alain Sahel et du Pr Serge Picaud travaille à l’amélioration du système.
Les participants de cet essai pilote qui sont aussi suisses, anglais, mexicains et américains du Nord, ont plus de 50 ans et sont atteints de formes graves de rétinopathies pigmentaires.
Le matériel est destiné à rester en place définitivement. Jusque-là, un seul malade a été explanté (en Californie) pour des problèmes de cicatrisation.
Les indications viendront en fonction des progrès obtenus chez ces premiers malades. Des maladies moins évoluées avec une rétine plus fonctionnelle pourront en faire partie. Les chercheurs envisagent d’étendre les essais ultérieurement à la DMLA notamment.
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