ENTRE AVRIL 2 012 ET LE 30 MAI 2013, 50 infections MERS-Cov ont été rapportées et confirmées sur un territoire assez étendu, principalement au Moyen Orient et en Europe ; les cas ont été signalés en Arabie Saoudite, en Jordanie, au Qatar, aux Émirats Arabes Unis, au Royaume Uni, en Tunisie et en France. L’infection se caractérise par un taux de mortalité élevé (60 % ; 30 décès au 30 mai 2013). Aucun réservoir animal (ou végétal) n’a été identifié.
Les deux cas diagnostiqués en France, rapportés dans l’article d’Alexandra Mailles et coll. publié dans le bulletin « Eurosurveillance » permettent d’avoir des données cliniques et témoignent d’une transmission nosocomiale.
Le 7 mai 2013, le premier cas d’infection MERS Cov a été confirmé chez un adulte âgé de 64 ans, transplanté rénal, ayant voyagé aux Émirats Arabes Unis entre le 9 et le 17 avril 2013. Il était accompagné de sa femme et de 37 autres personnes, qui au cours du séjour, ont partagé les mêmes activités. Toutes les personnes ayant voyagé avec ce premier cas « index » ont été interrogées entre le 10 et le 13 mai, soit 23e et le 26e jour après le dernier contact : aucun ne présentait de symptômes respiratoires ou digestifs. Au final, 123 personnes ont été en contact avec ce « cas index » entre le début des symptômes, le 22 avril (fièvre à 38° 9 C, une diarrhée), et son isolement le 1er mai : 7 répondaient à la définition du MERs-Cov, 2 ont été testés positifs. Le 26 avril, sont apparus les premiers signes respiratoires à type de dyspnée et de toux. Le patient est décédé le 29 mai.
Le deuxième cas français est une de ces 123 personnes : il s’agit d’un homme de 51 ans traité par corticothérapie au long cours. Le patient n’avait pas voyagé dans les semaines qui ont précédé son hospitalisation. L’homme a partagé la même chambre (20 m2) que le cas index entre le 26 et le 29 avril, période durant laquelle ce dernier présentait des signes respiratoires. Les lits étaient séparés d’environ 1 mètre 50. Les premiers symptômes de l’infection MERS-Cov (malaise, douleurs musculaires et fièvre à 38,5 °C) sont apparus le 8 mai, soit 12 jours après le contact. Le patient a été mis en isolement dès le 12 mai. Trent-neuf personnes avaient été en contact avec le cas n° 2. Le 19 mai, tous étaient asymptomatiques.
Le MERS-Cov a démontré sa capacité de transmission nosocomiale et seules des recommandations rigoureuses et précoces autour des cas diagnostiqués ont permis de limiter la dissémination. Les présentations plus atypiques méritent quelques éclaircissements sur le virus et la maladie qui pourraient être apportés par des prélèvements sérologiques des personnes en contact avec les cas, voire en population générale.
Évaluer le potentiel épidémique.
Toujours dans « Eurosurveillance », S. Cauchemez et coll. décrivent 3 scénarios de transmission possibles,essentiellement destinés à évaluer la capacité du virus à engendrer une épidémie et les moyens adéquats pour la contrôler.
La transmission interhumaine (et le potentiel épidémique) est calculée par le nombre de reproduction (R, nombre de cas secondaires à partir d’un cas humain index).
Le premier scénario est celui de foyers subcritiques ; un seul événement se transmet du réservoir à l’homme et génère peu de cas puisque la transmission interhumaine est faible (R ‹ 1) et l’épidémie ne peut pas se maintenir. Le nombre de cas attendus est directement lié à l’introduction du réservoir dans la population. La stratégie consiste à contrôler l’infection dans le réservoir ou à mettre en œuvre des moyens de protection vis-à-vis du réservoir c’est ce qui a été fait pour H1N1 et H7N9.
Le deuxième scénario (foyers supercritiques) se base sur une transmission interhumaine à partir d’un événement peu fréquent. Par chance, plusieurs maillons de la chaîne de transmission s’éteignent d’eux-mêmes et l’épidémie a du mal à se maintenir. Dans le cas du SRAS, par exemple, une faible proportion de cas très contagieux ont été responsables d’une transmission importante. Le contrôle de l’infection dans le réservoir a, comme dans le scénario 1, quelques chances d’être efficace.
Le troisième est celui d’une épidémie soutenue (R › 1), le nombre de cas est exponentiel au cours du temps. Dans ce cas, l’étendue de l’épidémie est dépendant de R (plus R augmente plus le nombre de cas augmente) mais à chaque génération, la transmission diminue. Le contrôle de l’infection dans le réservoir a peu de chances d’être efficace sur une épidémie qui s’auto-entretient.
À ce stade, estiment les auteurs, il est difficile de savoir laquelle de ces trois hypothèses prévaut ; l’une des deux premières est probable, la troisième qui suppose un nombre de cas élevé, n’est possible que si l’infection est beaucoup moins sévère que le suggèrent les 50 cas recensés.
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