Difficile de mettre au point un traitement pour une maladie dont les mécanismes sont mal connus. Caractérisé par le besoin irrépressible de bouger les membres inférieurs, on ne sait pas encore si le syndrome de jambes sans repos est dû à un état hyperdopaminergique ou hypodopaminergique. Certaines théories suggèrent également que la maladie serait causée par une baisse des quantités de glutamate disponibles.
Ces différentes explications compliquent la mise au point d’un traitement, mais il est néanmoins prouvé que les agonistes de la dopamine présentent un intérêt clinique, ce qui leur a permis de s’imposer comme traitement de première ligne. Le problème étant que ces agonistes peuvent provoquer des effets iatrogéniques qui, paradoxalement, agravent les symptômes. Il a par exemple été démontré qu’après l’initiation d’un traitement par le pramipexole, il y avait une hausse de 7 % par an du risque d’aggravation des symptômes.
Utilisée dans les douleurs neuropathologiques.
La pregabaline est un médicament non dopaminergique commercialisé en France depuis 10 ans par Pfizer, sous le nom de Lyrica, dans l’indication des douleurs neuropathologiques centrale et de l’épilepsie. Les auteurs de l’article paru dans le New England Journal of Medicine ont démontré qu’un an de ce traitement réduisait davantage le score IRLS (qui va de 0 à 40) qu’un agoniste de la dopamine, le pramipexole, et qu’il occasionnait également moins souvent des aggravations du syndrome.
Les 719 patients de l’étude ont été aléatoirement répartis entre un groupe de 182 patients recevant 300 mg de prégabaline par jour, 258 patients recevant 0,25 mg ou 0,5 mg de pramipexole et un groupe placebo de 179 patients. La réduction du score IRLS au bout de 12 semaines était de 4,5 points en moyenne chez les patients sous prégabaline contre respectivement 3,2 et 0,6 chez les patients sous pramipexole 0,5 mg et 0,25 mg.
Peu d’aggravations... mais des aggravations quand même.
Pour ce qui est du risque d’aggravation du syndrome, l’étude s’est concentrée sur les évolutions observées entre la 40e et la 52e semaine de traitement. Au bout d’un an, seuls 2,1 % des patients sous prégabaline ont vu leurs symptômes s’amplifier contre 7,7 % dans le groupe pramipexole 0,5 mg/j. Il n’y avait en revanche pas de différence significative entre le groupe prégabaline et le groupe pramipexole 0,25 mg/j.
« C’est une des rares études qui confrontent les efficacités de deux traitements pour une même pathologie » estime Sudhansu Chokroverty, de l’institut des neurosciences du New Jersey, dans un éditorial associé. « Le fait que l’ aggravation des symptômes s’observe avec deux traitements aux modes d’actions différents, pose la question de savoir si elle est provoquée par le traitement ou par l’évolution de la maladie elle-même, » conclut-il.
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