LA RECHERCHE des agents naturels qui interfèrent avec la réplication du VIH a permis récemment d’identifier une fraction de peptide présent dans le sperme humain et qui favorise l’infection (Münch et coll., 2007). Ce peptide est dérivé d’une phosphatase acide produite par la glande prostatique et sécrétée en grande quantité dans le sperme. Les investigateurs ont trouvé que l’aptitude de cette protéine à augmenter l’infectivité de souches du VIH est liée à sa capacité à former des structures en feuillet de fibrilles bêta- amyloïdes.
Dans ce cas, l’augmentation du pouvoir infectant est montrée pour un large panel de souches du VIH, comprenant X4, R5 et les isolats à double tropisme, tout aussi bien que les souches des groupes O et M. Le mode d’action demeure inconnu.
La capture du virion.
Ces fibrilles, intitulées SEVI (semen derived enhancer of virus infection), capturent le virion et l’attachent à la surface des cellules cibles. Lors des relations sexuelles et en particuliers celles qui comportent une faible charge de virus infectieux, la promotion du franchissement de la barrière muqueuse est favorisée.
L’action des SEVI peut être nuisible à la mise au point de microbicides antirétroviraux, un champ de la recherche clinique en cours d’exploration.
L’inclusion d’un inhibiteur de SEVI dans la composition d’un microbicide serait donc avantageuse.
De nombreuses protéines sont capables de s’autoagréger en fibrilles amyloïdes. Le processus est fréquemment associé à des troubles neurodégénératifs, tels que le Parkinson ou l’Alzheimer.
Des études récentes ont montré qu’un polyphénol, l’épigallocatéchine-3-gallate (EGCG) inhibe la fibrinogenèse amyloïde. L’EGCG est la principale catéchine du thé vert. Des activités antitumorogenèse, antioxydante, antibactérienne et antivirale lui sont attribuées.
Ilona Haubert et coll. (Allemagne) ont analysé le potentiel de l’EGCG à cibler les fibrilles dérivées des résidus acides aminés provenant de la phosphatase acide prostatique (PAP248-286), le peptide qui s’agrège dans le sperme, et qui ont été associés à l’augmentation de l’infectivité.
Les chercheurs ont obtenu de l’EGCG purifiée ainsi que le PAP248-286. Des échantillons de sperme ont été fournis par des donneurs sains. Les différentes manipulations in vitro suggèrent que le polyphénol EGCG cible les fibrilles PAP248-286 et produisent une dégradation, anihilant leur propriété de favoriser l’infectiosité du VIH. Les expériences montrent que l’EGCG empêche la formation des fibrilles et casse les fibrilles déjà existantes. Les chercheurs ont aussi étudié comment l’EGCG affecte l’entrée dans des cellules T préparées par bioluminescence au moment de l’infection.
« Des études antérieures sur les effets anti-VIH de l’EGCG ont été focalisées sur une application systémique potentielle. Nos données plaident plutôt en faveur de l’administration en topique, et notamment en ajoutant l’EGCG aux antirétroviraux microbicides. »
Le fait que l’EGCG soit très stable en solution acide indique qu’il est possible d’améliorer son pouvoir antirétroviral, précisent les biologistes, car cette situation est similaire à l’environnement vaginal. Enfin, l’EGCG ne semble pas présenter de cytotoxicité.
Ces observations peuvent s’ajouter à des données rapportées dans de précédentes études, et qui montrent que l’EGCG inhibe l’entrée du VIH par une interaction directe avec les CD4 et/ou la glycoprotéine Env du VIH, ce qui indique un double effet antirétroviral potentiel.
Toutefois, « l’EGCG n’est pas présent à des concentrations efficaces si l’on se contente de boire du thé vert. Si l’EGCG trouve des applications dans l’infection par le VIH, cela sera plus sûrement en tant que microbicide », avertissent les auteurs.
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