« LE FACTEUR DE RISQUE génétique identifié est associé à l’un des plus grands risques observés dans les études d’association génomique du cancer », souligne le Dr Douglas Bell du National Institute of Environmental Health Sciences (NIH, États-Unis) qui a co-dirigé avec le Dr Gareth Bond de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni) cette étude publiée dans la revue Cell.
« Nous pensons que ce facteur pourrait se révéler utile pour identifier les individus à haut risque pour ce cancer ou pour identifier ceux qui pourraient bénéficier de traitements préventifs ou thérapeutiques ». La protéine p53 règne dans la cellule comme le mécanisme de défense majeur contre le cancer, et son gène est inactivé dans la moitié des cancers humains. Dans une étude complexe, l’équipe de Bell, Bond et coll. a exploré les 62 000 variations SNP associées aux cancers (dans les études d’association génomique) en quête de variations SNP situées dans des sites de fixation à la p53 (p53-RE). Ils ont découvert ainsi une variation SNP dans le gène KITLG qui est associée à un risque de cancer du testicule multiplié par 3 chez les Caucasiens. La variation SNP accentue l’activation par la protéine p53 du gène KITLG , un gène connu pour réguler la prolifération des cellules germinales, des mélanoblastes et des cellules souches hématopoïétiques. Ce variant favorise la prolifération des cellules souches testiculaires en présence de lésions d’ADN, alors qu’elles devraient arrêter leur division puisque de telles lésions peuvent conduire au cancer.
La présence de variant explique pourquoi l’activité de la protéine p53 est conservée dans 97 % des cancers testiculaires, alors qu’elle est inactivée dans 50 % de l’ensemble des cancers. Au niveau de la peau, la lumière ultraviolette (UV) active le signal p53- KITLG dans les kératinocytes de façon à augmenter la production de mélanine et la migration des mélanocytes à l’origine du bronzage protecteur de la peau. Le variant favorise donc le processus du bronzage. Ce variant est trouvé plus fréquemment chez les Européens caucasiens (80 %) que chez les Africains (24 %) et apparaît avoir été sélectionné chez les Caucasiens. Ceci pourrait expliquer, au moins en partie, pourquoi le cancer du testicule est 4 à 5 fois plus fréquent chez les Caucasiens comparé aux populations africaines ou afro-américaines.
Adaptation à l’environnement.
« Les variations génétiques surviennent naturellement, et peuvent devenir fréquentes dans une population si elles procurent un bénéfice de santé. Il apparaît que ce variant particulier pourrait aider à protéger les individus à peau claire contre les dommages cutanés induits par les UV, comme les brûlures ou le cancer de la peau, en favorisant le processus de bronzage ; mais il permet aux cellules souches testiculaires de proliférer en présence de lésions d’ADN », explique le Dr Bell.
« Au cours de l’évolution, lorsque les hommes ont migré hors d’Afrique vers les contrées nordiques moins ensoleillées, ils ont développé une peau claire, sans doute pour s’adapter aux niveaux plus faibles de luminosité du soleil. Malheureusement, cette adaptation a laissé leur peau vulnérable aux effets nocifs du rayonnement ultraviolet. Il est fascinant de spéculer que la meilleure version de l’élément de réponse au p53 du KITLG représente une compensation de l’évolution pour cette vulnérabilité ; mais elle semble être venue au prix d’un risque accru de cancer testiculaire », remarque le Dr Bond.
« Ce variant, ajoute-t-il, pourrait aussi expliquer pourquoi les tumeurs testiculaires sont souvent guéries par la chimiothérapie. Alors que la plupart des autres tumeurs ont une protéine p53 mutante, les tumeurs testiculaires hébergent une p53 qui fonctionne normalement et les chimiothérapies anticancéreuses semblent agir de concert avec la fonction tumeur-suppressive de la p53 pour tuer les cellules cancéreuses ».
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques