De la tête aux pieds, les dermatoses n’épargnent aucune partie du corps des jeunes enfants. Certaines infections d’apparence bénigne sont très contagieuses ou présentent des lésions inflammatoires et inesthétiques qui altèrent la qualité de vie des enfants, mais aussi celle de leurs parents. Même si leur guérison est spontanée et ne laisse aucune cicatrice, elles doivent être correctement diagnostiquées et traitées efficacement avec précision dès les premiers symptômes.
« Ainsi la teigne, lésion très contagieuse du visage, ressemble à l’acné ou peut révéler une rosacée ; au niveau des fesses, l’érythème n’est pas forcément lié aux irritations dues aux selles ou aux couches, il peut s’agir d’un véritable eczéma du siège ; les troubles de la pigmentation peuvent être en rapport avec des maladies handicapantes comme le vitiligo ou l’hémangiome ; chez le nourrisson le diagnostic de la gale peut être difficile car la présentation clinique est souvent différente de celle de l’adulte », détaille le Dr Aude Maza Rioland, dermatologue à Toulouse.
Le psoriasis, dont la prévalence est de 2 à 5 % en dessous de l’âge de deux ans, et l’eczéma atopique ont en commun un caractère affichant dont l’impact psychologique est important sur les enfants et les parents, et un prurit à l’origine de surinfections virales ou à staphylocoques par grattage des lésions. Autre pathologie affichante gênante, mais moins souvent évoquée, le molluscum contagiosum est une infection virale bénigne qui touche 2 à 10 % des enfants et parfois des adultes. Très contagieuse, elle se dissémine chez un même un individu et se transmet aux autres par contact direct ou par vecteurs (serviettes, vêtements) comme les poux.
Des anomalies immunitaires
Le début de la maladie est peu inflammatoire, peu douloureux, comme s’il n’y avait pas de réponse de l’organisme face à l’infection. « En fait, le virus du molluscum (molluscipoxvirus) est un virus à ADN de la famille de la variole qui a un comportement très particulier, semblant échapper au système immunitaire, reconnaît le Pr Pierre Vabres, dermatologue au CHU de Dijon. Il est capable de produire des protéines d’évasion immunitaire dont les fonctions multiples vont empêcher, à tous les niveaux (cytokines, interleukines, interféron gamma…) l’expression des mécanismes de défenses naturelles de l’organisme. »
Peu à peu ce système d’échappement est débordé, il se produit alors un afflux de cellules inflammatoires qui vont mettre un terme aux inhibitions du molluscum. Cette inflammation bruyante signe le début de la fin et la régression à distance de la pathologie. Il n’existe pas, à ce jour, de consensus concernant la prise en charge du molluscum. Sa mise en place dépend de plusieurs facteurs, dont le nombre de lésions, la gêne sociale ou un terrain atopique.
« La pathologie est favorisée, entre autres, par une altération primitive de la barrière cutanée (peau sèche, eczéma, plaies, écorchures), il n’est donc pas étonnant de constater que 46 % des enfants qui ont un molluscum présentent une dermatite atopique, ou que le nombre de molluscum est plus élevé sur un terrain atopique et qu’il diminue si l’atopie est traitée par des dermocorticoïdes, remarque le Pr Franck Boralevi, dermatologue au CHU de Bordeaux, le lien est très fort entre les deux pathologies. »
Pour rompre ce cycle vicieux, la décision thérapeutique est, soit de traiter d’abord la dermatite par des dermocorticoïdes, soit d’agir prioritairement sur les lésions du molluscum avec un traitement non invasif. « Il faut en finir avec les méthodes de curetage ou de cryothérapie qui laissent des cicatrices, insiste le Pr Vabres. La solution d’hydroxyde de potassium Molusderm concentrée à 10 %, permet d’aboutir à la destruction des kératinocytes, sites de production du virus. » Ce traitement localisé et ciblé s’applique une seule fois par jour pendant dix jours maximum ; les lésions disparaissent progressivement en deux à cinq semaines après l’arrêt du traitement.
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