Les comprimés d’Abilify MyCite, médicament à base d’aripiprazole commercialisé par les laboratoires Otsuka et récemment autorisé par la Food and Drug Administration (FDA), comportent un capteur qui, au contact des sucs digestifs, émet un signal électrique. Celui-ci, transmis à un patch collé sur le thorax, envoie au smartphone, via une appli, la confirmation qu’il a bien été ingéré. Les patients peuvent donner l’accès à ces informations à leurs proches et à leur médecin.
Le produit est approuvé par la FDA pour le traitement de la schizophrénie, le traitement des épisodes aigus maniaques associés aux troubles bipolaires, et le traitement complémentaire de la dépression chez l’adulte. Il n’est pas autorisé pour les patients âgés atteints de démence, ni dans un usage pédiatrique.
Questions pratiques et éthiques
« L’observance est un vrai problème, dans les pathologies psychiatriques comme dans les autres pathologies », admet le Pr Pierre-Michel Llorca, chef du service de psychiatrie du centre médico-psychologique au CHU de Clermont-Ferrand.
« Et la conscience du trouble, et donc du besoin d’un traitement, est variable chez les schizophrènes et pendant les phases maniaques des patients atteints de troubles bipolaires. Or, une rupture de soins peut mener à une situation de contrainte. Les outils technologiques peuvent alors apporter des réponses, et je salue cette innovation. Mais je reste très dubitatif sur son utilisabilité. »
Le Pr Llorca souligne l’existence de problèmes pratiques (le patient va-t-il conserver son patch et le changer chaque semaine ?) mais aussi de compréhension et de relation médecin/patient. « J’imagine avec perplexité l’idée de proposer cette solution à des patients qui peuvent être délirants, leur expliquer qu’une impulsion électrique va être émise dans leur corps, et transmise à leur téléphone… », s’amuse-t-il. « Des questions éthiques se posent aussi, comme celle du contrôle exercé sur le patient, et sur comment créer une relation de confiance avec lui si on peut lui dire « je sais que vous me mentez, vous n’avez pas pris votre traitement. » Je suis donc assez surpris que la FDA ait choisi ce dispositif comme solution de premier rang pour résoudre le problème de la non-observance. »
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques