COMME d’autres maladies neurodégénératives, la maladie d’Alzheimer fait partie des tauopathies dénommées ainsi en référence à la protéine Tau. Cette protéine, décrite chimiquement il y a une vingtaine d’années, mais déjà connue par Alzheimer lui-même en 1912, est naturellement présente dans le système nerveux central. Elle peut, lorsqu’elle est altérée (hyperphosphorylée), s’agréger en formant des « buissons » qui perturbent l’activité des neurones, favorisant le développement de ces tauopathies.
Un effet anti-Tau.
En janvier 2010, les travaux du Pr Baulieu et de son équipe ont marqué une avancée dans la connaissance de la maladie d’Alzheimer. Ils ont mis en évidence une interaction entre la protéine Tau et une autre protéine, découverte et clonée vingt ans auparavant dans leur laboratoire : la protéine FKBP52. Son nom rappelle qu’elle lie (binding protein) une médication japonaise (FK) de la famille des immunosuppresseurs. Cette protéine, abondante dans le cerveau, paraît dotée d’un effet anti-Tau. Elle s’oppose à l’accumulation de formes pathologiques de la protéine Tau et diminue ainsi son action toxique.
Dans l’étude qui vient d’être publiée, E-E Baulieu et son équipe ont analysé l’expression de la protéine FKBP52 dans le cerveau de patients décédés de tauopathies, dont la maladie d’Alzheimer, et dans celui de personnes décédées d’autres pathologies. Ils ont montré une absence de colocalisation de FKBP52 et de Tau ainsi qu’une diminution considérable de la protéine FKBP52 dans le cerveau des patients qui présentaient une tauopathie comparativement aux autres.
Si la cause des tauopathies, dont la maladie d’Alzheimer, n’est probablement pas univoque, la protéine Tau apparaît toutefois comme une cible importante dont la protéine FKBP52 pourrait modifier la pathogénicité.
Des études chez l’animal, en particulier chez le poisson zèbre qui permettent d’obtenir des résultats plus rapides que chez la souris, ont confirmé l’effet de FKBP52 sur une protéine Tau pathogène.
Un dosage dans les liquides biologiques.
Ces recherches ouvrent la voie à l’utilisation de la protéine FKBP52 pour la mise au point d’un test de diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer chez les personnes présentant des taux faibles de la protéine (actuellement la mesure de la concentration de protéine FKBP52 se fait uniquement dans le LCR). Des membres de l’équipe mettent au point un dosage de FKBP52 dans les liquides biologiques (notamment le sang). L’objectif est de déterminer si une baisse de la concentration de la protéine peut indiquer un risque accru de survenue d’une maladie neurodégénérative. Un traitement pourrait alors être entrepris avant même l’apparition des signes cliniques. Cette recherche laisse également entrevoir la possibilité de développer des traitements susceptibles de booster l’effet de la protéine FKBP52 sur la protéine Tau. L’équipe française peut, physicochimiquement et biologiquement, étudier le caractère des interactions Tau-FKBP52 en présence de molécules qui se lient à FKBP52 et en modifient le fonctionnement. Ce qui ouvre la porte à la mise au point de candidats médicaments potentiellement efficaces.
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