APRÈS avoir connu de fortes augmentations il y a une vingtaine d’années, l’incidence du cancer du sein s’est réduite, pour atteindre une hausse n’excédant pas 1 % en 2011 (53 000 nouveaux cas). Malgré tout, la maladie cause encore de nombreux décès, 11 500 en 2011 (source : Institut national du cancer), et classe plus de 500 000 femmes en affection de longue durée. Mieux dépisté, mieux soigné, le cancer du sein engendre, dans la majorité des cas, une chirurgie partielle plus ou moins large, la mastectomie totale ne touchant que 35 % des patientes. Parmi elles, seule une minorité aura recours à la reconstruction du sein par chirurgie. Pour les autres, ainsi que pour toutes celles pour lesquelles la mastectomie partielle s’est révélée importante, reste la solution de porter une prothèse mammaire externe. C’est le choix qu’on fait près de 250 000 femmes opérées.
Pourtant, les ventes de ces dispositifs n’excèdent pas 75 000 unités par an. Deux grands types de produits les composent : les prothèses totales visent à reproduire au plus près - forme et volume - le sein initial, tout en restaurant la statique vertébrale, car il faut rendre au corps le poids qu’il a perdu avec la mastectomie ; les compléments mammaires permettent de combler le vide qu’a pu laisser une chirurgie partielle. Beaucoup plus fins qu’une prothèse totale, ils enveloppent le sein et se déclinent en différentes épaisseurs, tailles et formes répondant aux besoins engendrés par des gestes chirurgicaux très variés. Constituées de silicone, toutes les prothèses, partielles ou totales, se présentent sous deux formes, un système à glisser dans un soutien-gorge adapté, et un dispositif solidaire à fixer sur la peau. Plus contraignant, puisqu’il implique le contact avec la cicatrice, ainsi qu’un entretien rigoureux, le système auto-adhérent est le moins utilisé, bien qu’il emporte plus de 35 % du marché. Un troisième dispositif, en textile et prévu pour compenser l’ablation à la sortie de l’hôpital, vient compléter cette offre.
Suivi au long cours.
Très techniques, ces dispositifs nécessitent une adaptation précise, qui va demander du temps, ainsi qu’un suivi au long cours. « Après l’intervention, le sein non opéré continue d’évoluer sous l’effet du vieillissement ou des traitements qui peuvent modifier son volume, explique Pascale Semiao-Rabilloud, dirigeante de la société Amoena. Afin d’obtenir une parfaite symétrie, il faut donc renouveler la prothèse ou la faire contrôler pour savoir si elle est toujours bien adaptée à la morphologie du sein. » Là n’est pas le seul impératif pour cette activité qui demande une grande délicatesse et une attention particulière à la clientèle : accueil, information, essayages pour trouver la solution adéquate, évolution des besoins, mais aussi intimité et écoute devront être assurés par une ou plusieurs personnes de l’équipe formées au préalable. Sans parler des modèles de lingeries et de maillots de bain qu’il faudra présenter, et donc stocker. La gamme Amoena, pour sa part, propose des prothèses et compléments mammaires (Balance) déclinés en 3 galbes, 4 formes de sein et plusieurs tailles, des solutions postopératoires (Recovery Care), des solutions évolutives adaptées aux reconstructions mammaires (PurFit), un large choix de soutiens gorges spécialement conçus pour accueillir les prothèses, ainsi que de la lingerie associée, des maillots de bain spécifiques, des tenues sport et détente, des vêtements de nuit et des produits de nettoyage pour les prothèses auto-adhérentes.
« La pharmacie a su développer cette activité et occupe aujourd’hui 50 % du marché, l’autre moitié étant mobilisée par les orthopédistes », ajoute Pascale Semiao-Rabilloud en rappelant le rôle des professionnels de santé dans l’information du public, notamment en ce qui concerne la fréquence de remboursement des prothèses. « En tant que dispositif médical, une prothèse est prise en charge à hauteur de 69,75 euros tous les ans, mais beaucoup de femmes ne le savent pas et ne renouvellent pas leur dispositif comme elles le pourraient. » Or le prix, variant de 120 à 250 euros par dispositif, est un frein à l’achat pour certaines femmes qui, de ce fait, ne s’appareillent pas.
Atouts d’avenir.
La question d’une révision des remboursements est cependant à l’étude et pourrait déboucher sur une modification des prises en charge liées aux prothèses mammaires. C’est du moins ce que préconisent certains acteurs du marché, qui pointent du doigt l’augmentation des coûts de fabrication pour des prothèses qui ont gagné en technicité (silicone, gel de silicone), avec des prix de revient multipliés par cinq là où les remboursements sont restés inchangés. « Nous attendons que la Commission d’évaluation se prononce sur ce thème depuis 2008 », indique Pierre Steinecker, directeur général de Anita France. Et Guy Capron, délégué général du Syndicat national de l’orthopédie française (SNOF), de préciser que l’autorité sanitaire pourrait pencher en faveur d’un tarif de remboursement par marque, l’important étant que cette prise en charge tienne compte du temps, des compétences, des connaissances et de la psychologie mobilisés par le praticien lors d’un acte d’adaptation.
En attendant, le marché des prothèses externes n’est pas en manque d’atouts. Les marges importantes qu’il dégage jouent bien sûr en sa faveur, de même que la grande variété des ventes associées qu’il occasionne, lingerie spécifique, maillots de bain et prothèses amphibies, sans oublier les produits de soin nécessaires à l’entretien des produits. Spécialiste en matière de lingerie, la marque Anita propose ainsi la gamme Anita Care destinée aux femmes opérées : prothèses pleines bilatérales, prothèses partielles, solutions de compensation totale de poids réduit (-35 %) et prothèses en textile qui, au global, constituent un choix de 24 modèles déclinés en 14 tailles. Un assortiment complet de lingerie adaptée (combinés, lingerie postopératoire, soutien-gorge de sport, lingerie d’allégement, slips et culottes), une collection balnéaire, ainsi qu’un ensemble de produits et d’accessoires associés (mamelons à fixer, ouatine et prothèse de remplissage variable, poches à coudre pour soutien-gorge de sport, coussinets et timbres auto-adhérents), viennent seconder l’offre en prothèses Anita Care.
« Ce marché possède un grand potentiel, mais il ne se développera pas sans communication. C’est au pharmacien d’aller trouver les prescripteurs pour les informer de son activité. C’est une condition essentielle », souligne Pierre Steinecker.
Également présent sur ce marché, Thuasne référence la gamme de prothèses Silima, dont les modèles variés s’articulent entre solutions totales (Classic) pouvant aussi répondre aux profils les plus généreux (Elite), prothèses de compensation (Conform, Shell), dispositifs allégés de 30 % et 60 % (Light) et prothèses adhésives (Direct) qui peuvent être portées de façon solidaire ou placées dans un soutien-gorge. Une ligne de lingerie (soutiens-gorge basiques, dentelle, de maintien et postopératoires), de maillots de bain et d’accessoires (set d’aréoles adhésives sur peau ou sur prothèse) viennent compléter l’offre Thuasne.
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