LA PREMIÈRE ÉTUDE épidémiologique française évaluant les conséquences du distilbène chez les personnes exposées a livré son verdict. Le risque de cancer du sein est multiplié par deux pour les 80 000 filles exposées au Distilbène (D.E.S.) in utero en France.
« L’excès de risque, un risque relatif de 2,1, doit toutefois être décodé sur l’échelle de la Haute Autorité de santé, tempère le Pr Michel Tournaire, ancien chef de la maternité Saint-Vincent de Paul à Paris et conseiller médical du réseau DES France. Bien que choquant, le risque est donc qualifié de modéré, équivalent à celui d’une femme dont une parente proche a eu un cancer du sein ». Il est en effet considéré comme élevé quand il est multiplié par 4 ou 5. C’est alors au médecin traitant de faire la synthèse des différents facteurs de risque et de proposer une surveillance adéquate.
Le risque de cancer du sein est par ailleurs légèrement augmenté, de 30 %, pour les mères DES (« 1re génération »). Les filles DES (qui ont aujourd’hui entre 37 et 64 ans) sont à l’évidence les plus touchées par les complications : adénocarcinomes à cellules claires du vagin ou du col utérin (un cancer « signature »), malformations utérines et problèmes de reproduction à la clé, troubles psychiatriques (pour lesquels des informations complémentaires sont souhaitées). Pour les fils DES (2e génération toujours, exposés in utero), l’étude retrouve les malformations attendues, non majeures, cryptochorchidies, hypospadias et atrophies testiculaires. Le nombre des cancers testiculaires, qui touchent des hommes jeunes, est apparemment supérieur sans que l’on puisse en tirer de conclusion définitive, faute de groupe témoin pour ces fils DES.
Atrésie de l’œsophage à la 3e génération
Très attendues, les données qui concernent la 3e génération DES devaient permettre de répondre à la question suivante : les complications se renouvellent-elles, à l’image de ce qui se produit chez l’animal ? L’analyse a permis une découverte, hautement significative, énigmatique dans la mesure où il s’agit d’une anomalie d’un autre tissu : le taux très élevé d’atrésie de l’œsophage à la naissance chez les filles et les garçons, obligeant à une intervention. Deuxième point, « les malformations cardiaques sont plus nombreuses, mais à la limite de la significativité ; elles méritent que l’analyse des données soit reprise », estime le Pr Tournaire. Pour ce qui est des garçons de cette 3e génération, davantage d’hypospadias et de cryptorchidies ont été observés, des événements qui ne sont pas graves en soi, mais témoignent d’une transmission, d’une modification du message entre le gène et sa cible. L’étude met aussi en évidence une très nette augmentation du nombre des infirmes moteurs cérébraux, en raison de la grande prématurité, une observation qui justifie les aménagements spécifiques maintenant permis par la loi en matière de congé maternité. Les petites-filles DES (de 3e génération) en revanche peuvent être rassurées, parce qu’indemnes d’anomalies génitales.
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